Anticor, l’association anticorruption qui dérange les dirigeants politiques français

Depuis quelques semaines, l’association Anticor, qui lutte contre la corruption depuis 18 ans, est sous le feu des projecteurs. Pour se porter partie civile dans des dossiers politico-financiers, elle doit être agréée tous les trois ans par le Garde des Sceaux, en l’occurrence le Ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti. Or, cette année, le Ministre est justement visé par une plainte de l’association Anticor et trois syndicats de magistrats pour pour « prises illégales d’intérêt ». La tâche revient donc au Premier ministre Jean Castex, qui tarde à délivrer le fameux agrément et ne fait que repousser cette décision. Face à la pression populaire, le renouvèlement de l’agrément de l’association Anticor a été prorogé jusqu’au 2 avril prochain, causant de nombreux articles et polémiques. L’un des avocats de l’association anticorruption, David Koubbi, auteur de notre manifeste La Charge, apporte un éclairage sur les origines et les conséquences d’un imbroglio politique et judiciaire. Propos recueillis par Matthieu Delaunay.

LR&LP : Comment expliquez-vous que cette demande d’agrément mette autant de temps à être validée puis renouvelée ?

David Koubbi : Le 6 août 2020, Anticor a adressé sa demande au ministère de la justice, puis relancé la direction des affaires criminelles (service en charge du traitement de ce type de demandes, ndlr). Celle-ci a alors indiqué avoir perdu le dossier, ce qui est extrêmement surprenant.

La demande a donc été renvoyée, en produisant toutes les informations et documents exigés par le décret du 12 mars 2014. Un récépissé le 2 octobre 2020, date de commencement de l’instruction de la demande qui peut durer jusqu’à quatre mois, auxquels la direction des affaires criminelles peut demander un délai de deux mois supplémentaires. C’est ce qu’elle a fait, d’abord par prorogation de quelques jours, puis avec une prorogation au 2 avril.

En fait, c’est le délai maximal qui lui est imparti pour répondre. En attendant, Anticor n’a pas la possibilité de saisir la justice mais saisira le Conseil d’État, en cas de refus le 2 avril.

Officiellement, nous n’avons aucune explication. Manifestement les actions d’Anticor gênent nos dirigeants.

Je pense aux affaires du Grand Paris, Alstom, Kohler, Ferrand, ou du Kazakhgate, pour n’en citer que quelques-unes, et dont on comprend, en creux, que les malversations ainsi dénoncées auraient perduré.

LR&LP : S’il semble y avoir une instrumentalisation du…

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Auteur: Matthieu Delaunay