Antisémitisme à gauche : du début du XXe siècle à nos jours, un mythe et des réalités

Parmi ses multiples conséquences, l’embrasement du conflit israélo-palestinien pose à nouveau en France la question de l’antisémitisme à gauche. Le refus de La France insoumise et d’une partie de l’extrême gauche de qualifier le Hamas d’organisation terroriste nourrit le discours largement répandu ces jours-ci selon lequel la gauche française serait foncièrement antisémite. Des premiers socialistes à nos jours, toutes ses composantes ont effectivement tenu des propos antisémites : les socialistes et les anarchistes avant 1914, les communistes à partir de 1920, les pacifistes durant l’entre-deux-guerres et l’ultragauche depuis. Mais elles l’ont fait dans des proportions très différentes, alors que l’antisémitisme émanant de la droite a été bien plus important. Il s’est manifesté avec virulence lorsque la société était en crise pendant l’affaire Dreyfus et dans la décennie 1930.

L’antisémitisme à gauche a pris plusieurs formes. Tout commence par un antijudaïsme économique, reposant sur l’antijudaïsme religieux hérité du Moyen Âge, massif dans la France catholique du début du XIXe siècle. L’image du juif profiteur et usurier acquiert une vigueur nouvelle avec l’émergence du capitalisme que plusieurs socialistes utopiques, notamment Alphonse Toussenel, assimilent à « Rothschild ». Pierre-Joseph Proudhon hait les juifs en raison de sa rivalité avec Karl Marx mais ne l’exprime pas publiquement. En revanche, Saint-Simon, ses disciples et Louis Blanc n’ont pas d’hostilité envers les juifs.

La deuxième forme d’antisémitisme à gauche coïncide avec l’apparition de l’antisémitisme moderne favorisé par le développement

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Auteur: Michel Dreyfus