Antisémitisme & Islamophobie. Une histoire croisée de Reza Zia-Ebrahimi

Comment s’articulent, ou non, l’islamophobie et l’antisémitisme ? Quels rôles politiques et sociaux jouent-ils ? Pour y voir un peu plus clair, nos amis d’Antiopées partagent cette semaine cette note passionante à propos de Antisémitisme & Islamophobie. Une histoire croisée de Reza Zia-Ebrahimi paru cette année aux éditions Amsterdam.

Voici quelques années, j’avais rendu compte ici-même de ma lecture d’un essai d’Ilan Halevi : Islamophobie et Judéophobie. L’effet miroir. Son auteur affirmait vouloir « montrer que l’islamophobie, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à sa tante maternelle, la judéophobie (“l’antisémitisme”), fonctionne de la même façon, joue un rôle comparable, et qu’elle en est une excroissance et un développement. Mieux, que toute tentative de se mesurer à l’une sans prendre l’autre à bras-le-corps est par définition futile, car l’islamophobie, sous-catégorie du racisme en général, apparaît dans la nature sociale comme une métastase de l’antisémitisme ». D’origine juive et persécuté comme tel sous l’Occupation, puis, après la Seconde Guerre mondiale, engagé au côté des Palestiniens dans le Fatah, Ilan Halevi (décédé en 2013), abordait le sujet, qu’il connaissait bien, en militant. Tel n’est pas le cas de Reza Zia-Ebrahimi, qui se présente comme chercheur et universitaire. Je pense cependant qu’il approuverait sans doute l’esprit de la citation ci-dessus. Ainsi dit-il dans son introduction (p. 17) que « [sa] conviction d’historien des idées, passionné par la généalogie intellectuelle des racismes, est que la seule manière théoriquement et empiriquement valable d’étudier l’antisémitisme, l’islamophobie, ainsi que les autres constructions de l’altérité est de les replacer dans un cadre global, celui du racisme. » Cela dit, on voit bien, à travers les titres des deux livres comme à travers les deux citations que je viens d’en donner, que leurs approches diffèrent. Là où Halévi parlait d’une succession historique (la judéophobie comme « tante maternelle » de l’islamophobie, et cette dernière comme « métastase » de la judéophobie) Zia-Ebrahimi se propose quant à lui d’étudier leur « histoire croisée », ce qui n’est évidemment pas la même chose. Selon lui, « l’antisémitisme et l’islamophobie ont sans aucun doute chacun une histoire propre et bien distincte » ce qui n’empêche pas qu’il « existe cependant une zone d’intersection, qui n’aurait probablement pas…

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Auteur: lundimatin