Antitsiganisme et obsession excrémentielle

L’antitsiganisme est la forme de racisme aujourd’hui sans aucun doute la plus banalisée et la plus normalisée, car il peut s’exprimer publiquement de la manière la plus ordinaire sans que nul ou presque ne s’en émeuve. Seules quelques déclarations particulièrement outrancières de personnalités politiques sont poursuivies en justice (comme Gilles Bourdouleix, maire de Cholet, pour son « Hitler n’en a peut-être pas tué assez »). Mais des propos similaires s’étalent librement sur les réseaux sociaux et les forums de discussion en ligne au mépris des signalements.

Les médias publics et la presse ne sont pas en reste, comme on va le voir. Mais leur style est différent : ils affectent une neutralité fictive, croyant que l’usage de l’expression de « gens du voyage » les dédouane de tout soupçon de racisme, alors qu’ils se font le plus souvent l’écho sans filtre ni discussion des propos d’élus et de citoyens hostiles. Ainsi, régulièrement, les termes de « fléau », de « plaie » et « d’invasion » sont-ils utilisés avec la plus grande innocence et sans la moindre analyse critique Les membres des groupes ciblés, eux, ne sont presque jamais consultés ; leur parole n’est pas sollicitée et moins encore lorsque – très rarement – quelque analyse, en général d’une pauvreté confondante, est proposée. Dire que les Voyageurs n’ont pas droit à la parole est bien insuffisant ; en fait toute parole, et plus radicalement, toute humanité leur sont retirées à travers leur réduction systématique au déchet et à l’excrément. Le message subliminal est évident, et il nous rappelle les pages les plus sombres de l’histoire, de leur histoire au mitan du XXe siècle, dont Bourdouleix déplore qu’elle n’ait pas conduit à leur éradication totale et définitive : ils ne sont eux-mêmes que déchets, pollution, nuisances, excréments.

En effet, il n’y a désormais presque plus aucun…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: dev