Anxiété, panique… En Allemagne, le trauma de jeunes défenseurs des forêts

Dannenröder (Allemagne), reportage

Du haut d’un arbre, Nio  a vu les policiers détruire la cabane qu’elle avait construite et habitée pendant plus de cinq mois. « Ils ont jeté toutes les affaires par les fenêtres et ont tout détruit à la tronçonneuse et au couteau », dit-elle. Lorsque la zad a été expulsée, cela faisait plus d’un an que des militants écologistes occupaient la forêt allemande de Dannenröder, dans l’État de Hesse, dans le centre de l’Allemagne. Leur objectif : empêcher la construction d’un tronçon autoroutier nécessitant d’abattre 85 hectares de forêt, dont des arbres pluriséculaires, dans les pas d’une résistance déjà organisée par des gens du coin.

Une fois retournée à ses études, « il y a eu beaucoup de matinées où, dans le bus pour l’université, je pleurais : je me suis renfermée sur moi-même, il m’a fallu presque un an pour recommencer à m’intéresser à ces combats. » La zad a été expulsée, les cabanes détruites, et la construction de l’autoroute avance : elle devrait être achevée à l’automne 2024. Mais pour beaucoup de ces jeunes militants, la bataille n’est toujours pas finie. Crises de panique, anxiété, mal-être… Un an et demi plus tard, nombre d’entre eux ont du mal à se remettre de cette lutte.

Nio se souvient d’un matin de novembre, en 2020. Il faisait très froid, quand elle s’est réveillée à 25 mètres de hauteur, dans une cabane de bois nichée entre les branches d’un vieux chêne, au cœur de la forêt de Dannenröder. Dans les cimes des hêtres alentour, tous les rameaux et les faines étaient givrés. « Quand le soleil s’est levé, toute la forêt était étincelante, comme des paillettes dans les cimes des arbres, se souvient-elle. C’était un moment spectaculaire — et c’est aussi là où je me suis rendue compte que tout cela serait bientôt fini. » À des dizaines de mètres de hauteur, se dressaient encore barricades et cabanes, maillées par des cordes et autres ponts suspendus dans des arbres menacés. Pendant plusieurs mois, 2 000 policiers se sont mobilisés pour expulser les occupants. Fin 2020, la dernière cabane a été démolie.


« J’ai eu des interactions vraiment terrifiantes avec la police. » © Lowtekk et Kfir Mualem

L’étudiante de 25 ans avait rejoint Dannenröder en juin 2020, après quelques années de militantisme climatique. « J’avais l’impression de m’être réveillée dans un autre monde, où mon avenir n’était pas assuré. Alors j’ai commencé à m’impliquer…

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Auteur: Reporterre