Apporter une réponse politique aux violences policières

Éditorial de juin 2023

« La violence se connaît à ce caractère qu’elle ne peut choisir : on dit fort bien que la colère est aveugle ; une explosion ou un incendie affecte un certain volume et tout ce qu’il contient », notait Paul Valéry dans Fluctuations sur le mot Liberté, un article paru en 1938 dans le Figaro. Cette nuit, au plus haut du firmament, des flammes ont percé le ciel à Nanterre, à Colombe, Aulnay-sous-Bois, Suresnes, Gennevilliers. Nahel est mort. D’une balle à bout portant. À tout juste 17 ans. De cet âge où l’« on n’est pas sérieux » et où « l’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ». Pour l’adolescent, le sommeil sera éternel. Même si la majorité de ceux qui sont descendus dans la rue ne le côtoyaient pas personnellement, ils ont reconnu en lui une nouvelle victime des violences policières. Nahel n’est pas que Nahel, il est aussi, malgré lui, une victime supplémentaire d’un système de plus en plus délétère. Avant lui, il y a eu Cédric Chouviat, Claude Jean-Pierre (en Guadeloupe), Gaye Camara… Après lui ? La grande inconnue qui jette un voile de peur sur les « quartiers ».

Les émeutes constituent un délicat sujet politique, notamment à gauche. D’un côté, nous nous trouvons face à une réaction pulsionnelle qui est légitime, une réappropriation de la rue par des citoyens qui ne voient pas leur voix entendue. Des hommes, des femmes qui voient les violences policières perdurer encore et encore… Le raisonnement est simple : « Si les forces de l’ordre sont hors la loi, au nom de quoi devrions-nous rester dans les clous alors que nous comptons nos morts ? ».

D’un autre côté, les émeutes urbaines, surtout de nuit, sont improductives. D’abord, en raison de leur aspect explosif, elles donnent du grain à moudre au gouvernement qui les dénonce et qui se fera le garant de l’ordre public. Ensuite, les Français ne les soutiennent…

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Auteur: Ella Micheletti