Après la corvée électorale, la responsabilité historique de la gauche, dans toutes ses expressions

« La vraie bonne nouvelle, c’est la fin de la campagne présidentielle la plus raciste de l’histoire », a commenté l’avocat Yassine Bouzrou, habitué à défendre les personnes victimes de violences policières arbitraires. Le « barrage » à l’accession au pouvoir de l’extrême droite a tenu, mais à quel prix ? Le délire raciste du « grand remplacement » s’est répandu jusque dans les rangs de la droite républicaine ; pendant des mois, l’extrême droitisation du débat a été allègrement relayée par certaines télévisions ; Marine Le Pen et son projet d’exclusion et de régression sociale ont été banalisés comme jamais ; les questions d’intérêt général ont été reléguées à quelques maigres débats.

Bien que défaite, l’extrême droite gagne du terrain

Pour la troisième fois en cinq élections présidentielles, l’extrême droite a accédé au second tour. Et pour la première fois elle dépasse la barre des 40 %, gagnant 2,6 millions de voix par rapport au scrutin précédent, arrivant en tête dans 30 départements (dont les cinq d’Outre-mer) contre deux en 2017. Marine Le Pen recueille près de 8 millions de suffrages supplémentaires par rapport à son père en 2002. C’est dire l’état du pays, quand plus de 13 millions d’électeurs et d’électrices sont prêts, par adhésion, par colère, par relativisme ou par totale défiance, à faire le choix de l’extrême droite. Seize millions d’abstentionnistes et votants blancs ou nuls ont refusé de se prêter à ce dilemme cornélien.

Macron ne doit sa réélection qu’à 5,5 millions de voix d’avance sur Marine Le Pen. Il en comptait 10 millions de plus en 2017, et Chirac 20 millions face à Jean-Marie Le Pen en 2002

En face, Emmanuel Macron ne doit sa réélection qu’à 5,5 millions seulement de voix d’avance sur Marine Le Pen. Il en comptait 10 millions de plus en 2017, et Jacques Chirac 20 millions face à Jean-Marie Le Pen en 2002. Voilà la tendance lourde qu’il va nous falloir contrecarrer, à moins de continuer à marcher, tels des somnambules, vers le désastre annoncé.

Emmanuel Macron a perdu deux millions de voix par rapport à 2017 (58,5 % des suffrages exprimés contre 66 % il y a cinq ans). Il ne doit ce second mandat qu’au douloureux report d’une grande partie de l’électorat de gauche, dont le niveau d’abnégation est à saluer. Pensons aux enseignants, aux soignants, à celles et ceux qui font malgré tout tourner les services publics, aux salariés, ouvriers, agriculteurs qui assurent la production…

La suite est à lire sur: basta.media
Auteur: Ivan du Roy