Après les mobilisations, quel sens donner au travail ?

Les débats autour du projet de loi sur la réforme des retraites ont entraîné d’importantes discussions sur la pénibilité, les inégalités des femmes et des hommes, l’emploi des seniors, ainsi que sur le travail : son contenu et son sens, au-delà du terme contestable « de valeur ».

Le travail semble ainsi être revenu au centre de l’action syndicale et des nouvelles dynamiques que l’on observe depuis plusieurs jours et qui pourraient prendre de l’ampleur lors de la journée de mobilisation du 7 mars.

Au-delà de la mobilisation, le sens même de ce que le travail représente pourrait connaître un tournant, après des décennies de contestations ouvrières et syndicales.

Une rupture avec l’histoire ouvrière

Tout au long de l’ère industrielle, le travail a été en France au cœur du conflit opposant le mouvement ouvrier aux maîtres des organisations. Les travailleurs les plus qualifiés apportaient leur créativité, un savoir-faire ils étaient porteurs d’une conscience fière. Ces derniers étaient les héritiers des ouvriers de métier, qui, avant le taylorisme, étaient seuls à pouvoir faire ce qu’ils faisaient, tels des artisans. Les patrons étaient alors perçus comme des intermédiaires inutiles entre eux-mêmes et le marché.

Les travailleurs non qualifiés étaient pour leur part porteurs d’une conscience prolétarienne, ils apportaient leur force de travail. Ceux qu’on appelle les ouvriers spécialisés (OS) étaient les héritiers des manœuvres, dont les tâches étaient purement physiques. Le passage au taylorisme a signifié ppur eux aliénation et exploitation maximale.

Grèves dans les usines Renault, 1947, INA.

Le mouvement ouvrier n’a jamais été aussi puissant que dans les grandes entreprises taylorisées, dont les usines Renault furent le symbole durant plusieurs années. Alain Touraine l’avait montré dès les années 60, et nous en avons eu confirmation ensemble dans une vaste recherche publiée en 1984.

Remplacer un carreau cassé, sauver l’emploi

La conscience ouvrière a longtemps animé des luttes diverses – obtenir de meilleurs salaires, tenter de peser sur la législation pour qu’elle soit plus favorable aux travailleurs, sauver l’emploi, trouver un travail à un camarade chômeur.

Dans cette perspective, un bon syndicaliste savait assurer la remontée de demandes…

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Auteur: Michel Wieviorka, Sociologue, Auteurs historiques The Conversation France