Après les poules en batterie, les poulpes en conteneurs

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Des poulpes en batterie. En brandissant l’image de cet animal étonnant soumis aux conditions de la production industrielle, le rapport de l’ONG Compassion in World Farming (CIWF), publié le 8 octobre, fait mouche. L’association — créée dès 1967 au Royaume-Uni pour « encourager les pratiques d’élevage respectueuses du bien-être des animaux et mettre fin à l’élevage intensif » — pointe du doigt des projets d’élevage industriel de poulpes « cruels et nocifs pour les océans ». En Europe, l’Institut océanographique espagnol annonce ainsi lancer dès 2023 un élevage dans les Canaries avec la multinationale de pêche et d’aquaculture Nueva Pescanova. L’association appelle les gouvernements des quatre pays concernés (Espagne, Japon, Mexique et États-Unis) à interdire ce type d’élevages.

Jusqu’à présent, les velléités d’élevage industriel de poulpes n’ont pas abouti. Pour des raisons économiques d’abord, puisque les céphalopodes se nourrissent de proies vivantes. Mais les coûts de production ne dissuadent plus les industriels : les prix de vente augmentent alors que les prises de pêches diminuent du fait de la surexploitation des stocks. En particulier au Maroc, en Mauritanie et en Espagne, pays qui alimentent une grande partie du marché européen. En 2018, l’Europe a consommé plus de 120 000 tonnes de pieuvres, juste derrière l’Asie avec près de 180 000 tonnes. L’Espagne et l’Italie sont parmi les plus grands consommateurs au monde avec la Corée du Sud et le Japon.

L’argument écologique ne dissuade pas non plus les industriels, alors que cet élevage va à l’encontre des objectifs européens d’une aquaculture durable adoptée en mai 2021. L’enjeu : réduire l’aquaculture d’espèces carnivores, puisque près de 20 % des captures de pêches sont destinées à nourrir des élevages de poissons.

Poulpes pêchés en Grèce. Pixabay/CC/ Edar

« On ne peut pas élever un animal qu’on ne connaît pas »

Faute de maîtriser le cycle de reproduction du poulpe en captivité, des fermes pilotes marines ou dans des conteneurs engraissent pendant trois à quatre mois des jeunes pêchés en mer . Mais les taux de mortalité restent élevés, pointe le CIWF, entre 20 et 50 %. En cause, des problèmes sanitaires, une sensibilité très forte à la température et au niveau d’acidité de l’eau… mais aussi l’inadaptation de cet animal sauvage solitaire à l’élevage en milieu clos. Face à des problèmes de cannibalisme, les fermes…

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Auteur: Magali Reinert Reporterre