Après l’explosion, la révolution – lettre du Liban

L’article qui suit est un lettre envoyée depuis le Liban à nos amis de Liaisons. Il essaye de décrypter la situation après la double explosion du mois dernier à Beyrouth. Si ce qui restait de l’État et de sa légitimité ont été pulvérisés à cette occasion, cela ne marque évidemment pas la victoire du camp révolutionnaire. Entre autres scénarios probables, cette lettre évoque une guerre civile au cours de laquelle des pays étrangers tenteraient d’affaiblir le Hezbollah ou encore un accord international entre ce dernier et quelques pays opportunistes pour retrouver une fragile stabilité.

Entre ces deux options : « Si le désespoir peut catalyser un renouveau, c’est qu’il n’y a ici littéralement nulle part ailleurs où aller. L’horizon actuel est pour le moins tremblotant, si tant est qu’il existe. Aucun rêve n’est à atteindre pour la simple raison que nous ne savons pas exactement ce que nous voulons. Nous abandonnons une maison parce qu’elle s’effondre et qu’y rester impliquerait d’y mourir. Nous n’avons d’autre choix que de nous frayer un chemin à travers les décombres et décamper. »

Quand j’ai vu la vidéo de l’explosion pour la première fois, j’ai cru que c’était un canular. Mon cerveau ne pouvait pas accepter qu’une bombe d’une telle intensité puisse exploser à Beyrouth. C’était la fin du monde, l’apocalypse. Tout le monde devait être mort. Puis, en lisant les fils WhatsApp et en appelant des amis, j’ai été soulagé d’apprendre que tous mes proches étaient en vie. Mais une fin, ce n’est jamais la fin. Le temps continue. C’est ce qu’oublie systématiquement la pensée apocalyptique. La fin ne survient pas définitivement, d’un seul coup. Il n’y a toujours qu’une série de mini-catastrophes qui s’amoncellent les unes sur les autres et il nous faut bâtir sur leurs ruines merdiques pour se frayer un chemin vers un horizon inconnu. Le mieux qu’on puisse…

Auteur : lundimatin
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