Architectes, abandonnons le monde des lobbies et du béton

Léa, Étienne et Tibo sont trois architectes et activistes engagés dans des luttes écologiques, sociales et politiques. Elle et ils ont rédigé cette tribune cosignée par plus de quatre-vingt personnes de tous horizons, architectes, enseignants, anthropologues, chercheurs en sciences humaines… La version longue de ce texte a été publiée par la revue Topophile.


La liste des signataires est à la fin du texte.


Plusieurs médias nationaux ont publié ces derniers mois des articles qui dénoncent la « culture de la charrette », les abus, pressions subis par les étudiants en école d’architecture ainsi que la désillusion des jeunes professionnels. Entre autres, Libération (« École d’architecture : un régime basé sur la terreur, le harcèlement et l’intimidation ») ; Les Échos, (« Étudiants en architecture, ils (se) construisent dans la douleur »), Le Monde (« En école d’architecture, les dérives de la culture charrette »)…

Les faits qui y sont relatés ne sont pas nouveaux. La « culture charrette », par exemple, remonte au XIXe siècle. Elle fait référence au stress des étudiants des Beaux-Arts, quand ils travaillaient toute la nuit pour finir leurs travaux, et couraient ensuite les déposer dans les charrettes qui les emmenaient en urgence jusqu’aux salles d’examen. Cette culture est toujours opérante dans la profession, conséquence du système de commandes et des modes d’organisation au sein des agences.

Il nous a semblé pourtant que les symptômes mis en lumière dans ces articles révèlent un malaise plus profond, lié au sens et au rôle politique que seront amenés à tenir celles et ceux qui conçoivent et construisent les territoires aujourd’hui. Car ils devront intervenir dans une société qui continue de dérouler un projet destructeur du vivant.

Sommes-nous diplômés pour aménager le désastre ?

Que ce soit la logique de métropolisation, qui détruit des lieux de vie, de nature et de sociabilité ; que ce soit la logique d’extraction de ressources et de participation au rejet de CO2 dans l’atmosphère, avec les « grands projets », en Île-de-France par exemple ; ou les processus de décision et de financement qui, malgré tout un tas d’habiles artifices participatifs, continuent d’augmenter les inégalités en accentuant les processus de gentrification… pour une large part, l’architecture et l’aménagement des territoires sont au service d’un marché néolibéral qui s’entête à épuiser le(s) vivant(s).


Rencontre à l’Ambazada, mai 2018, à…

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Auteur: Reporterre