Arrête-toi !

Voici une recension du livre Arrête-toi ! de Makan Kebe avec Amanda Jacquel paru récemment aux éditions Premier Matins de Novembre. On suit le récit autobiographique de Makan Kebe, plaqué un jour par erreur par des policiers…

« Il y a des rencontres convenues. D’autres sont fortuites, imprévues ou inattendues. D’autres sont brutales, pareilles à des duels, voire des collisions. L’on en sort défiguré, comme si l’on était finalement retrouvé en présence d’un malfaiteur, le visage remplacé par, ou recouvert d’un faciès. De certaines rencontres ne résultent que des hiatus, des dissonances, voire des malheurs. » (Mbembe, 2020, p. 184).

Makan Kebé a fait une telle rencontre. Inattendue, brutale, il en est sorti défiguré, et il en est résulté plus qu’un malheur. Mais surtout, « le visage remplacé par, ou recouvert d’un faciès », ce qui est arrivé à Makan. On a remplacé son visage, on l’a recouvert d’un autre, d’un visage qui n’est pas le sien, le visage du coupable. « Arrête-toi », lui crie le gardien de la paix, fin d’un après-midi d’été, quand Makan s’apprêtait, après une journée de travail, à regagner le local associatif situé de l’autre côté de la barre d’immeuble où il habitait. À ce moment-là – il ne le sait pas encore – sa vie bascule, ce faciès accolé par la violence ne le quittera plus. Mais qui est l’auteur de cette violence ? Qui est-ce qui accole ce faciès ? Le « on », toujours impersonnel, le « on », c’est tout le monde et personne, c’est la société et les individus, en même temps.

Makan Kebé nous livre cette « rencontre », pour la première fois sous forme d’un livre. Jusque là, il était connu de ceux qui se pensent concernés, d’une manière ou d’une autre, par le combat contre ce que l’on appelle généralement les violences ou les bavures policières. Ce récit, coécrit avec Amanda Jacquel, journaliste au Bondy Blog, est paru en mars dernier au sein de la petite maison d’édition Premiers Matins de Novembre. Cette dernière publie des ouvrages de fiction, ainsi que des documentaires, dont le sujet commun est la mise en lumière des récits minoritaires, oubliés, relégués. La préface, assez solennelle, de Assa Traoré (militante et sœur de Adama Traoré, mort à la suite d’un contrôle de police en 2016) présage l’inscription de ce récit dans la continuité de combats pour des traitements plus justes de ces affaires. Et bien au-delà, contre la violence en tant que système. Le ton –…

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Auteur: lundimatin