Assange nous a éclairé sur l' étrange antiterrorisme français. — Jacques-Marie BOURGET

Il me semble qu’il y a un siècle, avec la régularité de ces drames qui encombrent les éphémérides, que je rédige des articles sur le terrorisme. Longtemps les tueries furent assez claires : d’un état l’autre on communiquait par le truchement de bombes ou mitraillages. Une façon de faire la guerre sans la peine de la déclarer. Avec le temps, en France, les choses sont devenues plus compliquées. Loin de leur patrie -ou patrie rêvée-, des groupes politiques ont revendiqué leur liberté, ou, au contraire, la volonté de maintenir leur joug, à coups d’explosifs ou de rafales. A Paris le Mossad a liquidé des chefs de la résistance palestinienne. Le tout dans l’horreur des voitures piégées ou le chuintement jamesbondien des silencieux. Des Israéliens restant sur la ligne de leurs ancêtres de l’Irgoun et la Haganah, milices qui, à coup de meurtres et de pains de TNT, ont contribué à l’implantation d’un état juif en Palestine. L’oubli conduisant aujourd’hui Netanyahou, et ses amis, à qualifier de « terroriste » tout citoyen du monde réclamant l’application de la loi internationale, les décisions de l’ONU qui condamnent la politique de colonisation et de répression de l’état hébreu. On a donc oublié ces épisodes où la France était un OK corral du macadam international. Avec « Carlos » dans le rôle de l’épouvantail, trop souvent convoqué pour donner un sens à tous ces morts. On oublie que c’est un français, en Corse, qui a tué un préfet de la République. Ces meurtres ne s’éteindront jamais, la mécanique de réciprocité voulant que l’un soit toujours un terroriste pour l’autre.

Cette digression n’a pas pour but d’enfermer dans le même tombeau le guillotineur de Conflans et les héros de « l’Affiche rouge », eux aussi qualifiés de « terroristes » en 1943, alors que l’on célèbre (ou devrait célébrer) en ce mois de novembre, l’arrestation qui a conduit ses hommes, debout, au poteau. Manouchian et les siens étaient des soldats sans uniforme, faisant la guerre à l’occupant et au nazisme. Le Tchétchène du Val d’Oise ne revendiquait ni liberté ni…

Auteur: Jacques-Marie BOURGET Le grand soir
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