Au cours d’une manifestation, le narrateur rencontre une réfugiée syrienne. Les souvenirs surgissent et se mêlent, comme à travers un kaléidoscope. Les leurs, ceux de la révolution syrienne et de sa terrifiante répression, ceux, comme en écho, des insurrections passée et des émeutes d’aujourd’hui, la longue fuite d’Assia et les réminiscences de son enfance dans ce pays détruit. Puis naissent les sentiments.
« Depuis longtemps la haine de la police nous avait réconcilié avec la haine, depuis longtemps il nous fallait lutter avec nos mots contre ceux de l’État, depuis longtemps nous voulions en finir avec ce monde qui doit absolument être détruit. » Si l’évocation conjointe du cortège de tête ou des manifestations de Gilets jaunes, et de celles organisées contre le régime d’Assad, peut sembler quelque part indécente, il s’agit sans doute avant tout pour l’auteur d’une recherche d’expériences communes pour saisir l’indicible, pour signifier une parenté, une appartenance à une même fraternité des réprimés par-delà toutes les barrières et les frontières, à tous les degrés. De la même façon, lorsqu’Assia évoque ces tortures infligées par un policier auquel elle n’a pu que souffler « Vous ne pouvez pas me tuer », c’est le récit de Louisette Ighilahriz dans les mains de Bigeard en Algérie, qui surgit, dans sa recherche tenace de repères pour comprendre ce qui ne peut l’être. « La peur n’est pas une langue commune elle réunit et sépare, rassemble et isole pensai-je. »
Son arrestation en Syrie, son errance, la violence administrative, sont racontées par bribes, par vagues plutôt, qui saisissent avant de se retirer et de laisser place à une autre, plus douce ou plus brutale encore. « Tu dormais sur des cartons, enveloppée de vieux journaux, sur les bancs des jardins publics, dans le métro jusqu’à l’aube, sous les ponts aux jambes d’acier rouillé, dans des carcasses de voitures abandonnées, au milieu de terrains vagues où passaient des ivrognes dont les grognements faisaient craquer doucement le sable. » « Maintenant ta vie dépendait de décisions prises par des ministres au teint gris, aux costumes raides, aux visages flasques comme des serpillières, dont les discours formaient une pâte gluante qui collait aux oreilles et tournait en boucle dans les médias. »
On sent chez Alain Parrau une curiosité pour l’Histoire et les révoltes qui l’agitent, motivée certainement par ses engagements dont il parsème son récit de quelques…
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Auteur: lundimatin