Astérix 5 et Avatar 2

En ce début 2023, deux films se disputent le box office français : Astérix et Obélix : l’empire du milieu et Avatar 2 : la voie de l’eau. Avec plein de pop-corn et l’espoir d’en savoir plus sur le monde, nous nous sommes rendus au multiplexe du coin. Nous n’avons pas été déçu et avons même eu l’envie d’en faire une analyse croisée : deux films à succès, deux suites, deux budgets à millions (proportionnels à la taille du pays de production : 400 pour Avatar et 65 pour Astérix), deux produits industriels, deux expressions de la bourgeoisie – des décors différents : la Gaule puis la Chine en 50 avant JC, la planète Pandora en 2154 – un même but : valider les valeurs de la société occidentale, plaire aux fans, divertir les spectateurs, vendre de la culture dominante.

« Nous sommes un Empire maintenant, et quand nous agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous étudiez, fort judicieusement, cette réalité, nous agirons à nouveau, créant ainsi une autre et nouvelle réalité que vous pourrez bien étudier. »

Karl Rove

Absence de cinéma, perte du monde

Ya plus de paysages. Bien que la numérisation soit plus achevée dans Avatar, il en va de même pour Astérix : les décors sont la plupart du temps réalisés virtuellement. De fait, l’environnement est totalement sous contrôle, rares sont les choses qui échappent à la volonté de post-production. A l’inverse, le cinéma se caractérise par des décors réels qui, par la puissance évocatrice propre aux lieux et au hasard, offrent une densité au récit. Ici les paysages sont plats, et bien qu’en 3D pour Avatar, particulièrement superficiels. Dans les deux films, pourtant situés à des époques et des endroits très différents, un même panorama revient, ce pourrait être un fond d’écran Apple. En une image, il évoque « l’aventure » : falaises striées recouvertes de végétations verdoyantes. On ne cherche plus à montrer des paysages mais des images-clef, parfaitement lisses et lisibles, adaptées au discours, recrées en studio. On ne peut s’empêcher de penser que ce mouvement de reconstruction du monde dans les films va de pair avec sa destruction réelle. Le vivant ainsi reconstitué technologiquement – comme les Arbres-néons du clan Omaticaya ou les fonds marins électriques des Metkayina – paraissent non seulement fades comparé à la complexité des écosystèmes réels, mais encore se teintent d’une aura mélancolique : celle de la perte du monde. Les poissons ont beau avoir…

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Auteur: dev