D’aucuns diront que l’absence de majorité à l’Assemblée nationale ne pouvait que conduire le gouvernement à utiliser le 49-3. Attac ne partage pas cette analyse. Certes, aucun des blocs n’a la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Mais il n’en demeure pas moins que le « nouveau front populaire » est depuis les élections législatives le bloc le plus important et que le projet de loi de finances 2025 n’a tenu aucunement compte de ses propositions.
Le gouvernement Bayrou a donc refusé d’assumer des compromis qui auraient pu constituer des « petits pas » intéressants et a choisi d’imposer un projet de budget qui s’inscrit dans une orientation politique qui n’a pas été validée par les urnes. Ce texte est donc entaché d’illégitimité tant sur le fond que sur la manière dont il a été imposé. Tout ceci ne peut qu’aggraver la crise politique, ce qui contribue à renforcer l’extrême droite, et alors que le RN profite de la période pour consolider sa stratégie de normalisation.
L’association Attac s’est exprimée à plusieurs reprises sur le budget. Elle rappelle que les mesures symboliques de ce budget en matière de recettes relèvent de la cosmétique, car elles ne procèdent à aucun rééquiibrage du système fiscal et qu’elles sont même en recul par rapport au budget Barnier – dont la majorité de la population considérait qu’il était injuste socialement – qui a été censuré. A titre d’exemple, la contribution des 450 plus grandes entreprises ne sera appliquée qu’un an, au lieu de deux dans le projet « Barnier ».
Le gouvernement Bayrou a donc su reculer face à quelques grands patrons dont Bernard Arnault mais a ignoré voire méprisé la demande profonde de davantage de justice fiscale d’une très large partie de la population. Selon un récent sondage en effet, 78% des personnes souhaitent une taxation plus importante des personnes les plus fortunées, 59% sont pour une taxation…
Auteur: Attac France