Attentat de Conflans : refuser l'union nationale

Avant d’être la cible d’un assassinat, le personnel de l’éducation nationale est depuis des années la cible des politiques libérales, et des campagnes politico-médiatiques de dénigrement visant à légitimer ces dernières, en présentant les fonctionnaires comme des privilégiés fainéants constamment en vacances. Toute l’année, ils et elles alertent sur leurs conditions de travail, qui sont aussi celles des élèves : classes surchargées, locaux vétustes, non remplacement des professeurs absents… Les enseignant·e·s peuvent donc être rassurés – ou pas (une grosse partie du problème étant qu’ils et elles le seront effectivement) : le mépris habituel à leur égard ne saurait égaler, de près ou de loin, la fierté toute républicaine à faire le lit d’une islamophobie d’État qui semble de jour en jour plus belliqueuse. Ils et elles auront désormais la consolation de savoir que l’État est prêt à soulever un pays entier pour les défendre, non face à l’horreur, heureusement exceptionnelle, du crime qui s’est produit ce vendredi, mais face à des élèves et familles qui osent parfois contester l’humiliation que ce système produit si quotidiennement à leur égard.

Les élèves de famille musulmane ont en effet assisté à la stigmatisation incessante de leurs proches : ils et elles ont vu leurs mères, grandes sœurs, être exclues de ce qu’on leur vend en même temps comme le principal moyen d’ascension sociale, ont dû apprendre les bienfaits d’une colonisation dont leurs parents et grand-parents portent encore le souvenir des tortures qu’elle a entraînées, ont dû être Charlie sous peine d’être signalé·e·s au rectorat, et n’osent souvent plus prononcer un mot dans leur langue maternelle en classe, autrement que comme une tentative de provocation, tellement on leur a appris que la langue arabe et la culture musulmane étaient malvenues dans l’institution. Après tout cela, ils et elles…

Auteur: IAATA
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