Au Bangladesh, des paysans fuient des fleuves qui débordent

Dacca (Bangladesh), reportage

Trois chèvres attendent patiemment au fond d’une allée marchande étroite, en périphérie de Dacca, la capitale du Bangladesh. Elles broutent le peu de verdure qui pousse entre les déchets gisants au sol, devant une petite échoppe. De prime abord, on pourrait croire à un cul-de-sac. Pourtant, un petit garçon pieds nus disparaît à gauche du magasin, dans un chemin exigu qui mène à de nombreuses habitations en tôles.

Le bidonville de Duari Para borde les rives du Jheel, un plan d’eau similaire à un lac. La plupart de ses habitants sont des migrants climatiques. Après un cyclone, une inondation ou une érosion des berges fluviales, ils ont dû quitter leurs villages natals côtiers pour refaire leur vie à côté d’une grande ville. Duari Para n’est pas à l’abri des intempéries mais la plupart des habitations sont surélevées sur des pilotis de bambou, et certaines bâties en béton. 

© Gaëlle Sutton/Reporterre

« Nous sommes si nombreux à avoir migré ici », dit Yousuf, 65 ans. « La vie n’est pas forcément plus facile, mais au moins nos maisons ne s’écroulent pas encore à cause de l’eau. » Obligés de louer des cabanes, car 31 % des terres des bidonvilles avoisinant la capitale sont privées, les habitants du Duari Para vivent dans une pauvreté extrême. Avec un loyer de départ à 2 000 takas (20 euros par mois) soit une bonne partie de leur salaire, ces petites chambres abritent souvent six personnes pour un lit double.

© Martin Bertrand/Reporterre

Le Bangladesh compte environ dix millions de réfugiés climatiques selon les chiffres du gouvernement, pour une population de 164,7 millions d’habitants et 144 000 kilomètres carrés. Ce chiffre pourrait doubler d’ici à 2100. Au sud de ce petit pays, trois fleuves, le Brahmapoutre, le Gange et le Meghna forment le plus grand delta du monde. Les moussons se font de plus en plus capricieuses et la fonte des glaciers de l’Himalaya inquiète. Ces deux facteurs augmentent la quantité d’eau de crue et favorisent les inondations. Être fermier dans ce delta est un combat perdu d’avance : 80 % des terres seraient en danger car elles sont à moins de douze mètres au-dessus de la mer.

« Avant, j’habitais à Bhola avec ma famille, une bande de terre au sud du pays. Mais les eaux ont emporté ma maison et englouti mon terrain », raconte Yousuf, les yeux alourdis par le manque de sommeil. « Ici, nous sommes peut-être ruinés, mais nous nous entraidons en famille. » Bhola, sur les côtes…

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Auteur: Reporterre