Au Brésil, « c'était bien un coup d'État ! »

Déclaration de Dilma Roussef à la presse après sa destitution, le 31 août 2016

cc Roberto Stuckert Filho/PR

Retour sur les faits. Héritière politique de l’ancien président Luis Inácio Lula da Silva, du Parti des travailleurs (PT, gauche), Mme Rousseff est élue en 2010. Son projet politique se caractérise par une accentuation du modèle « néo-développementiste » initié par son prédécesseur : une forme d’interventionnisme de l’État dans l’économie destiné à favoriser l’essor d’un secteur industriel encore rachitique au Brésil. La clef de voûte de son projet ?
Réduire les taux d’intérêt, exorbitants, qui freinent les investissements productifs et gavent le secteur financier. À commencer par les détenteurs de la dette interne, environ vingt mille familles, dont la rémunération – qui dépend desdits taux d’intérêt — accapare près d’un tiers du budget fédéral. « Nous projetons de revenir à une situation où les niveaux de profits seront normaux. Cela signifie que certains d’entre nous vont devoir investir dans des activités productives qui bénéficient également au reste du pays », explique Mme Rousseff au Financial Times le 2 octobre 2012. Pour les spéculateurs, l’équivalent d’une déclaration de guerre.

À l’époque, la présidente brésilienne mise sur le soutien d’un patronat industriel et « patriotique », qui accepterait d’investir et de voir les salaires augmenter de façon à pouvoir écouler sa production sur le marché interne, contre le secteur de la finance, internationalisé et sans conscience nationale. Ses efforts pour séduire les « bons patrons » décoiffent jusqu’au très libéral Veja : « La présidente a fait tout ce que les entrepreneurs exigeaient, constate l’éditorial du magazine le 12 décembre 2012. Ils voulaient que les taux d’intérêt baissent ? Ils ont baissé, à des niveaux records. Ils souhaitaient des…

La suite est à lire sur: blog.mondediplo.net
Auteur: Renaud Lambert & Marius Viaud