Au Brésil, des mines de sel font s'effondrer des quartiers entiers

Maceió (Alagoas, Brésil), reportage

Muni d’un marteau et d’un burin, Ronaldo Ferreira vient à bout en quelques secondes du parpaing qui mure sa porte d’entrée. « J’ai été le dernier à quitter la rue et aujourd’hui, je suis le premier à réoccuper ma maison », dit fièrement ce menuisier. Un groupe d’anciens voisins s’est donné rendez-vous pour l’aider, car il a fallu débroussailler à la machette la végétation qui, en à peine dix mois, avait complètement envahi l’accès à cette petite rue escarpée surplombant le quartier populaire de Bebedouro et la lagune de Mundaú.

De 1976 à 2019, 35 gisements de sels ont été exploités sous la lagune et les quartiers avoisinants pour les besoins d’une usine de chlore et de soude caustique. Le complexe industriel appartient aujourd’hui au groupe pétrochimique Braskem, l’un des leaders mondiaux du secteur, et ses principaux actionnaires sont le géant public pétrolier Petrobras, et le poids lourd du BTP Odebrecht, rebaptisé Novonor. 

En 2018, après de fortes pluies, un séisme de magnitude 2,5 a frappé Maceió. Quelques jours plus tard, des fissures sont apparues sur les murs des habitations et de petits effondrements ont formé des trous dans le sol des quartiers longeant la lagune. En janvier 2021, Braskem a signé un accord devant la justice fédérale prévoyant l’évacuation d’une zone à risque recouvrant 4 % de la zone urbaine de Maceió, et la création d’un fonds de compensation financière pour les habitants, et non d’indemnisation, car la firme ne reconnaît pas sa responsabilité dans le phénomène « géologique » d’affaissement du sol.

Aujourd’hui, près de 97 % des habitants ont abandonné leurs biens immobiliers, mais la moitié des plus de 14 000 propriétaires n’ont toujours pas été indemnisés. C’est le cas de Ronaldo et de ses voisins. Excédés par cette lenteur, ils regrettent d’avoir accepté de partir et réoccupent aujourd’hui les lieux. Qu’importe le risque d’effondrement du sol dû à l’érosion du sommet des cavités creusées par les puits de forage, qu’on distingue à l’horizon.

La route se creuse par endroits. © Pierre Le Duff / Reporterre

Diana Lucas, voisine de Ronaldo, entend, elle aussi, se réinstaller dans les prochains jours. Elle n’était pas chez elle le 3 mars 2018, quand le séisme a été ressenti. « Peu de temps après, un liquide à l’odeur de vinaigre a commencé à apparaître aux jointures de mon carrelage tout neuf. C’était de la saumure », assure-t-elle,…

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Auteur: Reporterre