Au Burkina Faso, la fierté des femmes cultivant la « ceinture verte »

Ouagadougou (Burkina Faso), reportage

Dans un quartier du nord de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, les yeux maltraités par la poussière se consolent à la vue d’une étendue de verdure. Le vent y improvise une valse à trois temps avec de grands feuillus. Même en cette saison des pluies, qui rend la ville moins suffocante, le contraste est saisissant.

Au milieu de quelques bâtiments résidentiels et religieux, des barrières en fer clôturent de vastes parcelles de terre. Dans un coin, un château d’eau se dresse fièrement. Au pied de ce géant de métal est disposée une dizaine de panneaux solaires. En face, des arbres, tels que des colas et différentes espèces de khayas, veillent sur les plantations maraîchères. Ici, se dresse du maïs aux épis dodus. Là, des pieds de gombo aux chaleureuses fleurs jaunes couvent des aubergines en pleine croissance.

Bienvenue sur la ceinture verte de Ouagadougou. Dans un pays sahélien comme le Burkina Faso, en proie à la désertification, de tels espaces sont précieux. « Si nous n’avons pas de zones humides, de zones de fraîcheur, nous ne pourrons plus vivre ici. La ville ne serait pas durable », souligne Valentin Bayiri, coordinateur du projet pour la mairie. À Ouagadougou comme ailleurs, le principe d’une « ceinture verte » est d’agir en bouclier écologique, grâce au reboisement et à la préservation des milieux naturels. Celle-ci, lancée en 1976, devait permettre de protéger la ville du vent, de l’érosion et de la poussière.


La mairie de Ouagadougou a investi dans un château d’eau de 40 mètres cubes.

Cultiver pour « ne pas mendier »

Au milieu de ce labyrinthe d’arbres et de cultures, trois femmes, vêtues de longs habits noirs, s’affairent autour de pousses de salade. Binettes en main, visage à quelques centimètres du sol et dos courbé, elles retournent des petits îlots de terre brune. Il est à peine 9 heures, mais le soleil tape déjà fort. Des gouttes de sueur perlent sur le front des travailleuses, au champ depuis plusieurs heures. « Je suis à Ouagadougou depuis au moins trois ans, explique Douayi Cissé, originaire de Gorom-Gorom, dans la région du Sahel. C’est à cause des tueries dans notre village que nous avons fui. »

Douayi Cissé fait partie de ces 1,9 million de Burkinabè qui ont dû quitter leurs villages en raison des attaques à caractère terroriste. Depuis la montée de l’insécurité et des menaces terroristes en 2015, les déplacés internes sont nombreux à se positionner aux feux rouges de la capitale pour…

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Auteur: Amélie David Reporterre