Au Canada, le combat contre le tronçonnage d'arbres millénaires

Montréal, Canada

Chaque semaine, Diana Mongeau embarque dans son van Sprinter, direction Port Renfrew. Durant trois heures, elle longe l’ouest de l’île de Vancouver pour rejoindre un des campements de manifestants installés depuis début août au sud, dans la forêt. Ils empêchent le passage des travailleurs du bois qui ont dans leur ligne de mire les arbres pluricentenaires de Fairy Creek. Derrière les blocages, c’est l’avenir des forêts anciennes de la province qui se joue.

Diana a 76 ans et c’est la première fois qu’elle s’engage à ce point. « J’avais une famille à élever, je n’avais pas le temps. Là, j’ai l’impression que c’est le combat d’une vie. Les arbres tombent un à un, je suis là pour l’empêcher, mais l’horloge tourne. » Elle cajole particulièrement les cèdres jaunes, des parasols hauts comme des immeubles — les poumons de l’île — qui voient gambader ours noirs et guillemots marbrés, des oiseaux menacés.

Fairy Creek fait partie des 59 000 hectares détenus par Teal Jones. Les coupes ont commencé. © Fairy Creek Blockade

Fairy Creek, le bassin versant qui abrite cette dernière forêt ancienne intacte sur l’île en dehors des aires protégées, fait partie des 59 000 hectares détenus par la société d’exploitation forestière Teal Jones. Les coupes ont commencé. Diana et ses camarades souhaitent donc que l’exploitation des arbres anciens soit suspendue par un moratoire, le temps que la province de Colombie-Britannique mette en place un plan efficace de sauvegarde.

Du bois pluricentenaire chic pour les toits et l’export

En Colombie-Britannique, sur les 3,6 millions d’hectares de forêts anciennes (des arbres de plus 250 ans et plus) exploitables par l’industrie, 50 000 hectares sont coupés chaque année, selon l’agence Reuters. Si l’entreprise Teal Jones apprécie ces bois, c’est que leur qualité est exceptionnelle, explique Franck Tuot, consultant forestier sur l’île. Le jeune homme comprend les manifestants mais garde une oreille du côté de l’industrie. « Ce sont des bois d’une densité excellente, cela peut servir pour du bardage, des toitures. Des troncs de plus de 1 m 80 de diamètre sont très prisés des temples, au Japon. Mais, les couper, ce n’est pas une démarche durable. »

D’après le BC Council of forest industries, le secteur forestier pèse pour 13 milliards de dollars canadiens — 8,8 milliards d’euros (près d’un quart provient de l’exploitation des forêts anciennes) — soit 5 % du PIB de la province….

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Auteur: Alexis Gacon Reporterre