Au Chiapas, des milices s'approprient les terres des zapatistes

Le 1ᵉʳ janvier 1994, jour de l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain, l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) descend des montagnes et prend plusieurs villes. L’insurrection est à la fois dirigée contre le gouvernement local de l’État du Chiapas et celui fédéral du Mexique, pour le respect des droits et de la dignité des indigènes. Les zapatistes ont obtenu l’autonomie de plusieurs municipalités, qui sont aujourd’hui autogérées et regroupées en cinq caracoles (régions). Processus de décision horizontaux, participation citoyenne de tous ceux qui le souhaitent, loi mettant les femmes au même niveau que les hommes… Les zapatistes tentent de mettre en application nombre des idéaux politiques des mouvements progressistes socialisants du monde entier. Cagoulés de noir et mitraillette à la main, les guérilleros sont devenus depuis 28 ans des symboles dans le monde entier. Sensibles aux principes politiques qui y sont mis en place, Antoine Dibon et Juliette Martinez ont rejoint le Chiapas à l’automne 2021 pour soutenir le mouvement zapatiste en participant au programme des Brigades civiles d’observation des droits humains.


En septembre 2021, un communiqué de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) alertait sur un risque de guerre civile dans l’État mexicain du Chiapas. Peu avant, deux de ses membres avaient été enlevés, puis séquestrés huit jours durant par un groupe paramilitaire de l’Organisation régionale des producteurs de café d’Ocosingo (Orcao). Autrefois associée aux zapatistes, cette organisation est désormais inféodée au gouvernement mexicain, qui a mis en place une politique contre-insurrectionnelle, à base d’aides sociales et d’octroi de terres, pour acheter les populations et diviser la communauté zapatiste, en résistance contre sa politique néolibérale. C’est ce même groupe Orcao qui sème la terreur dans la communauté zapatiste de Moisés Gandhi en tirant à balles réelles, comme l’ont relevé certains collectifs français.

Panneau annonçant qu’on se trouve en territoire zapatiste et que des observateurs des droits de l’homme sont présents dans la communauté, en octobre 2021. © Juliette Martinez

Après nous être intéressés pendant plusieurs mois au mouvement zapatiste, Juliette et moi-même avons découvert l’existence d’un programme appelé « Brigades civiles d’observation ». Mises en place par le Centre de droits humains Fray Bartolomé de las Casas (Frayba) et ouvertes à tous, ces brigades…

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Auteur: Reporterre