Au Chiapas, les peuples organisés face à l'offensive paramilitaire

En 1997, le petit village d’Acteal, dans les montagnes du Chiapas, est attaqué par un groupe paramilitaire. 46 indiens, dont 21 femmes et 15 enfants, sont abattus par machettes et armes lourdes ; l’un des pires massacres du Mexique contemporain, et un symbole du fléau paramilitaire au Chiapas. Ironie morbide : le 3 septembre 2020, l’Etat mexicain reconnaît pour la première fois sa responsabilité dans le massacre d’Acteal.

Le Frayba, une organisation de défense des droits humains au Chiapas, alerte pourtant : « les conditions sont aujourd’hui réunies pour assister à un nouvel Acteal ». La violence paramilitaire – savamment couverte et instrumentalisée par l’Etat – s’est en effet intensifiée ces derniers mois, plongeant les peuples organisés dans une situation complexe et périlleuse. Pour comprendre l’intensification des attaques paramilitaires contre les communautés en lutte, il faut remonter au soulèvement zapatiste et à l’émergence d’une contre-insurrection au Chiapas.

Genèse d’une contre-insurrection

Par leur coup de force de 1994, une entrée en guerre contre l’Etat mexicain et le capitalisme néolibéral, les zapatistes ont ouvert une brèche qu’ils continuent de creuser aujourd’hui : celle de l’autonomie politique, de la reconnaissance des droits collectifs indigènes et de la défense du territoire. Après une guerre de 12 jours contre l’armée fédérale, l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale) surprend son monde. A la demande de manifestations populaires massives exprimant un soutien aux zapatistes mais réclamant une solution pacifique au conflit, L’EZLN initie un cycle de négociations avec le pouvoir. De ce processus de dialogue qui dure 9 ans résulte une double leçon stratégique pour tout mouvement révolutionnaire.

D’une part, cette séquence permet au mouvement de temporiser militairement (la supériorité de l’armée…

Auteur: lundimatin
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