Au Chili, tout pour le lithium, au détriment de l'environnement

[3/3] Le lithium, l’or blanc de l’économie « verte » ?C’est la star de la transition énergétique : le lithium. Métal indispensable à la construction des batteries des véhicules électriques, ses ressources sont pourtant loin d’être infinies, comme l’a montré le premier volet de notre enquête. Les conséquences environnementales de son extraction sont encore peu étudiées (lire le deuxième volet). Et sur place, au Chili, l’impact est lourd. Une reportage réalisée en partenariat avec l’émission radiophonique « Prise de Terre » de la RTS.


Salar d’Atacama (Chili), reportage

Elles sont presque sans limite. Des étendues d’une terre blanche et ocre, à perte de vue. Ce n’est pas du sable, mais du sel. Et en dessous, se cache le métal tant convoité pour les voitures électriques : le lithium. Nous voici au cœur du salar d’Atacama, le désert de sel chilien le plus aride du monde, à plus de 2 500 mètres d’altitude, où la production de lithium bat son plein. Cet extractivisme massif, Christian Espindola, un agriculteur, en a fait son combat. Situé en bordure de ce désert de sel, son village indigène, Lickanantay de Toconao, subit les affres de cette activité. « Le salar d’Atacama est un lieu sacré qui appartient à l’histoire ancestrale de mon peuple. On y trouve des animaux, de l’eau, des microorganismes, mais les mines comme celles de lithium détruisent cette vie si unique. » Il n’espère qu’une chose : « Que les mines partent et laissent mon peuple vivre en paix, pour que notre culture perdure. »

© Gaëlle Sutton/Reporterre

Un souhait qui n’est pas près d’être exaucé. Le Chili fait partie du « Triangle de l’or blanc » — avec l’Argentine et la Bolivie —, qui rassemble à lui seul 60 % des ressources mondiales en lithium (20 % pour le Chili), comme le montrait Reporterre dans la première partie de cette enquête. Et le pays compte bien suivre le filon dans le salar d’Atacama : l’entreprise minière chilienne Soquimich (SQM), détenue depuis la dictature de Pinochet par Julio Ponce Lerou, neveu de l’ex-général chilien, prévoit de tripler sa production de lithium d’ici à 2030 pour atteindre 180 000 tonnes d’équivalent carbonate de lithium (LCE) par an. Et ce, alors qu’elle se targue déjà d’être le principal producteur de lithium au monde.

« Le Chili a basé son économie néolibérale sur la vente des ressources naturelles, explique Cristina Dorador, scientifique chilienne et élue en mai dernier à l’Assemblée…

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Auteur: Marion Esnault Reporterre