Au Congo de Sassou-Nguesso, « il n'y a plus de droit, plus de lois, plus de dignité humaine »

Elle a 26 ans et paraît coquette avec ses boucles d’oreille créoles XXL, ses yeux de biche et ses sourcils redessinés au crayon. Jusqu’au 21 février 2021, date de son incarcération à la maison d’arrêt de Brazzaville, elle était en master de lettres à l’université Marien-Ngouabi, à Brazzaville. Son visage et son nom, Chancelia Moulounda, ont resurgi ce 8 mars 2022, journée internationale des droits des femmes, avec des appels à sa libération. Sous les verrous depuis plus d’un an, cette étudiante est accusée d’« atteinte à la sûreté de l’État ». Mais très peu d’informations ont filtré sur les faits qui lui sont reprochés. « Son dossier est vide et elle ne représente aucune menace selon une source proche du dossier », écrit le journaliste congolais Arsène Séverin.

Cet article a initialement été publié le 1er avril sur le site d’information AfriqueXXI. Nous le republions avec leur autorisation.

Cette piqûre de rappel, surtout relayée sur les réseaux sociaux, a eu peu d’échos dans les médias congolais. Rares sont ceux qui osent dénoncer publiquement les maux de ce petit pays pétrolier d’environ 5,5 millions d’habitants dirigé par Denis Sassou-Nguesso (DSN), 38 ans cumulés au pouvoir. Membre historique du Parti congolais du travail (fondé en 1969), militaire de carrière et ex-patron de la « Sécurité d’État » (le service de renseignements), DSN a pris une première fois les rênes du pays en 1979. Puis une deuxième fois en 1997, après une période d’alternance de cinq ans incarnée par Pascal Lissouba et soldée par une guerre civile.

Régulièrement éclaboussé par des affaires de corruption et de captation de la rente pétrolière par le clan au pouvoir, le Congo de Sassou-Nguesso est aussi qualifié par certains opposants de « Stasi tropicale », du nom de la redoutable police politique de l’ex-Allemagne de l’Est. Sous le vernis des hôtels et quartiers résidentiels de haut standing de Brazzaville, règne un climat d’oppression écrasant. Opposition muselée, société civile étouffée, surveillance généralisée, arrestations arbitraires, torture… Le cas de Chancelia Moulounda s’inscrit dans une longue liste d’exactions imputées au régime.

Des coups de masse sur les chevilles

Il y a notamment eu cette vidéo de cinq minutes diffusée début janvier sur les réseaux sociaux. En fond sonore, des hurlements, des supplications. À l’image, un policier, entouré de ses collègues, qui frappe à coups de masse les chevilles et les…

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Auteur: Agnès Faivre (AfriqueXXI)