Au-dessus de Chamonix, le glacier devenu lac inquiète la vallée

Glacier des Bossons (Haute-Savoie), reportage

Grimper au glacier des Bossons depuis la vallée de Chamonix revient à s’engager dans une course contre le temps. Le sentier débute au hameau des Pèlerins, à 1 070 mètres d’altitude au pied du massif du Mont-Blanc. Il passe devant le chalet de Jacques Balmat, guide chamoniard qui réussit la première ascension du plus haut sommet des Alpes en 1786. À cette époque, la langue glaciaire des Bossons finissait sa course juste au-dessus de la vallée. Jacques Balmat pouvait voir briller la glace bleutée en ouvrant ses volets.

Ses descendants n’ont plus le même paysage sous les yeux. Si les glaciers des Alpes ont toujours connu une alternance de phases d’avancée puis de recul, le réchauffement climatique causé par l’action humaine a accéléré de manière historique la fonte des glaces d’altitude. Dans la chaîne alpine, les températures moyennes ont déjà augmenté de près de 2 °C depuis l’ère préindustrielle (contre 1,1 °C à l’échelle de la Terre). « Le glacier des Bossons a reculé de 1,1 kilomètre depuis 1984 », explique à Reporterre le glaciologue Sylvain Coutterand, chercheur rattaché au laboratoire Environnement et dynamique des territoires de montagne du CNRS de l’université de Savoie. Originaire de la vallée de Chamonix, il a écrit L’Atlas des glaciers disparus (éd. Paulsen, 2018). Il nous guide aujourd’hui vers le front du glacier. Notre objectif : observer un lac glaciaire apparu en 2018 à cause de la fonte.

Le risque, selon un glaciologue, est que le lac glaciaire s’infiltre sous le glacier et rejoigne le cours d’eau qui s’écoule du glacier en aval et provoque une crue. © Camille Belsoeur / Reporterre

Des avalanches au-dessus de nos têtes

Le chemin, qui doit nous hisser à 1 690 mètres d’altitude, longe la moraine latérale du glacier. C’est un amas de débris rocheux érodé par la masse de glace qui témoigne de la cote maximale qu’elle a atteinte lors des derniers siècles. Dans la forêt à 1 400 mètres d’altitude, le glacier remplissait la cuvette rocheuse de la moraine au XIXe siècle. Depuis, les glaces se sont retirées à plusieurs centaines de mètres à vol d’oiseau. Les sapins, bouleaux, épicéas et pins sylvestres ont colonisé les terres abandonnées par la glace. À mesure que nous poursuivons notre ascension, nous longeons une moraine moins arborée. Le retrait du glacier est plus récent. Parvenus à hauteur de la langue glaciaire autour de 1 700 mètres d’altitude, nous descendons de quelques…

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Auteur: Camille Belsoeur Reporterre