Au Groenland, des chercheurs découvrent le plus vieil ADN du monde

Cette découverte fera date dans l’histoire de la paléontologie. De l’ADN de deux millions d’années, le plus vieux jamais extrait, a été déniché dans les contrées polaires du Groenland. Si la collecte des sédiments a débuté dès 2006, les chercheurs ont dû prendre leur mal en patience avant que naisse la technologie leur permettant d’extraire cet ADN environnemental sans l’abîmer. Jusqu’ici, une molaire de mammouth sibérien, révélée par la fonte du permafrost dans les années 1970 et datée de 1,2 million d’années, détenait le record du monde du matériel génétique le plus ancien.

Au-delà de l’exploit temporel, ces travaux brossent le portrait, non pas d’un individu, mais de tout l’écosystème de cette région à l’époque. Les chercheurs révèlent ainsi la présence de lièvres, de rongeurs, d’insectes, d’oies ou encore de rennes, que l’on pensait pourtant être apparus plus récemment. Des espèces marines, à l’image du crabe fer à cheval et des algues vertes, occupaient aussi ces lieux, tout comme une diversité de végétation remarquable, du peuplier aux arbustes arctiques.

Un mastodonte, lointain cousin du mammouth

Autre surprise de taille, le mastodonte. Des fossiles de ce lointain cousin du mammouth avaient déjà été retrouvés sur le continent américain, mais jamais au Groenland. « Est-il arrivé là à la nage ou par la glace ? », s’est interrogé Eske Wilerslev, à la tête de l’étude lors d’une conférence de presse. Le mystère demeure.

Dans cette région septentrionale, les températures moyennes étaient de 10 à 17 °C supérieures aux valeurs actuelles, en raison de la position et de l’inclinaison de la Terre par rapport au soleil. Cela participe à justifier la présence de ces espèces dans une zone aujourd’hui désertique et inhospitalière. Aucun écosystème analogue n’existe à notre ère.

Le mélange d’espèces tempérées, boréales et arctiques est une trouvaille inédite, qui livre des indices sur les types d’adaptations génétiques au climat. La faune, comme la flore, semble pouvoir évoluer et s’adapter à des températures beaucoup plus variables que ne l’imaginaient les scientifiques, à condition toutefois de disposer de temps pour le faire. Les espèces aujourd’hui menacées d’extinction en raison du brusque réchauffement climatique actuel ne peuvent donc pas compter sur cela pour survivre.

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Auteur: Reporterre