Au Liban et en Syrie, la pire sécheresse depuis 60 ans

Halfaya (Syrie), reportage

Un soleil de plomb écrase tout ce qui bouge. Ici, à Halfaya, petite bourgade au sud d’Alep (Syrie), un fléau s’est abattu sur la vie de ses habitantes et habitants — déjà difficile en temps normal. « On n’a presque pas vu de pluie cette année, c’est terrible. Mes champs sont asséchés alors que j’avais beaucoup investi, je vais jeter l’éponge et les laisser en pâture à des troupeaux de chèvres », se désole Iqtisam Mohammad, qui a une cinquantaine d’années, au comptoir de la petite épicerie qu’elle a aménagée à l’entrée de sa maison.

Elle vient de rentrer d’un long exil forcé par la guerre. Son village a été témoin de violents combats entre des groupes rebelles et l’armée de Bachar al-Assad, puis occupé par des milices loyalistes pendant les quinze ans de guerre civile syrienne. Celle-ci a pris fin le 8 décembre 2024 avec la chute d’al-Assad.

Ses soldats et miliciens ont pillé les villages des zones rurales de Syrie, revendant leur butin sur le marché noir. « Les soldats ont tout pris : les câbles électriques, les portes et fenêtres, les meubles, même les canaux d’irrigation et les puits », fulmine-t-elle, ses enfants à ses côtés.

Damas « au bord d’une catastrophe environnementale et climatique »

Alors qu’elle était revenue reconstruire sa vie et réemménager dans sa maison meurtrie, elle a vu ses espoirs s’évaporer comme l’eau de ses plants. Celle qui possède des terrains doit aujourd’hui travailler comme main d’œuvre agricole pour 3 euros par jour auprès d’agriculteurs qui ont encore de l’eau.

D’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Syrie vit son pire épisode de sécheresse en soixante ans, avec 40 % de pluviométrie de moins que les années précédentes. Tous les gouvernorats semblent affectés, « augmentant encore la pression sur un pays qui se remet déjà de…

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Auteur: Philippe Pernot