Au Mali, mardi rouge et espoir en sursis

Au Mali, mardi rouge et espoir en sursis

Abana. C’est fini, en langue bambara. Ce 18 août, le soleil s’accroche aux cimes du ciel quand le Mali apprend l’arrestation de son président Ibrahim Boubacar Keïta. L’appel à la prière de l’après-midi vient de retentir. Bamako exulte, la foule en liesse converge vers la place de l’indépendance. « Abana, abana » s’époumone-t-on en chœur et en pleurs. C’est terminé, la peur s’est évaporée. Les Maliens auraient du s’en douter.

Nous sommes un mardi, et dans l’histoire tourmentée de leur pays, les militaires ont toujours eu un faible pour le mardi. Depuis 1968, c’est jour consacré par le Dieu des putschs et autres mutineries kakies. Avant Ibrahim Boubacar KeÏta – de son petit nom « IBK » -, trois présidents avaient fait les frais de ces curieux hasards du calendrier. Plus tard, un des instigateurs de ce nouveau « Tarata woulé » (mardi rouge) dira : « Ce n’était pas un coup d’État, c’était un coup de tête ». Qui a diablement bien réussi. Les mutins se la sont joué comme Zidane, et IBK s’est écroulé, surpris tel Materazzi un soir de Coupe du monde.

Le vieux dirigeant était déjà fragilisé par deux mois de colère populaire et de manifestations de la rue. Il n’a pas opposé de résistance. Le courage n’a jamais été son fort. IBK s’est laissé cueillir par les mutins, en sa résidence de Sebenikoro, où même président depuis 2013, il sacrifiait aux soirées arrosées et aux grasses matinées. Quand on ne se lève jamais avant midi, on a peu de chances de relever son pays.

Le Mali célèbre la fin de sept ans de malheur. On ne se souvient pas d’avoir brisé de miroir, plutôt d’avoir perdu l’espoir, et sur la place de l’indépendance devenue Tahrir et Bastille, devenue le cœur…

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