Au Mexique, les défenseurs de l'environnement comptent leurs morts

Trois militants yaqui abattus au Mexique, en seulement un mois entre mai et juin dernier. Un triste bilan pour ce peuple mexicain établi dans l’État de Sonora, au nord du Mexique, qui lutte depuis plus d’un siècle pour protéger ses terres et sa rivière, et ne compte actuellement que quelque 40 000 personnes.

Celui-ci s’inscrit dans une montée des tensions : depuis juin 2020, les Yaqui dressent des barrages routiers et ferroviaires pour protester contre la privatisation de leur rivière (appelée rivière Yaqui ou río Yaqui), le passage de conduites de gaz, de canalisations d’eau et de lignes de chemin de fer sur leur territoire, précisant qu’ils n’ont ni été consultés ni se sont vus proposer une quelconque compensation.

Depuis le début du blocus il y a un an, des hommes d’affaires et des transporteurs dénoncent les pertes — estimées selon eux à plusieurs millions de dollars — qu’ils subissent du fait de cette mobilisation bloquant la circulation des matières premières et des marchandises (pièces détachées, céréales, etc.) vers la frontière américaine.

Trois militants yaqui tués

Connus pour leurs pouvoirs mystiques et visionnaires décrits par l’écrivain Carlos Castaneda, les Yaqui se sont toujours obstinément défendus, entre fin 1800 et début 1900, contre les campagnes brutales d’industriels soutenus par le dictateur mexicain Porfirio Díaz, visant à les éliminer pour s’approprier les richesses de leur territoire et l’eau de la rivière Yaqui. Ils demandent aujourd’hui que le gouvernement respecte ses promesses d’aides, de protection et d’indemnisation pour la vente sans leur accord de terres des huit villes yaqui, destinées à des projets d’infrastructures nocifs pour l’environnement.

C’est dans un tel contexte qu’a été constatée, le 27 mai dernier, la disparition du porte-parole des Yaqui et du Mouvement citoyen yaqui pour la défense de l’eau, Tomás Rojo Valencia. Fin juin, les procureurs de l’État frontalier de Sonora ont annoncé que des tests ADN et des empreintes digitales avaient confirmé qu’un cadavre en état de décomposition avancée, retrouvé mi-juin près de Vícam (une ville yaqui à Sonora), était bien le sien. En tant que porte-parole des Yaqui, Tomás Rojo Valencia avait pris part dès 2012 aux conflits liés aux droits à la terre et à l’eau : il avait ainsi pris la tête de la résistance pour l’eau à Sonora lorsque le gouvernement de l’État avait annoncé la construction de l’aqueduc de l’Indépendance pour transporter…

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Auteur: Élisabeth Schneiter (Reporterre) Reporterre