Au milieu du chaos climatique, le risque d'un désastre atomique

Celia Izoard, journaliste et membre de la revue Z, a fait des études de philosophie et traduit des ouvrages critiques de la technologie moderne, dont 1984, de George Orwell (janvier 2021). Elle est aussi chroniqueuse pour Reporterre.


Quoi que nous fassions pour freiner les émissions de CO2, le monde dans lequel nous allons vivre ces prochaines décennies est un monde instable. Plus encore que ce que nous avons connu ces dernières années, c’est un monde de canicules et d’incendies, de tempêtes et d’inondations. Nous allons cohabiter avec des phénomènes que nous ne pourrons pas maîtriser. Personne n’a pu maîtriser les feux australiens qui ont ravagé en six mois 200 000 km2, l’équivalent en superficie de la Slovénie ou d’Israël, et détruit près de 6 000 bâtiments. Personne n’avait anticipé la violence des pluies qui se sont abattues sur l’Europe en juillet dernier, causant plus de deux cents morts et de nombreux glissements de terrain. Il paraît étrange d’avoir à démontrer que dans un tel contexte, conserver des installations nucléaires n’est pas une bonne idée. C’est pourtant l’enjeu surréaliste du débat actuel : le nucléaire est-il une solution face à la crise climatique ?

Tout réacteur en fonctionnement se transforme très rapidement en bombe s’il n’est pas constamment approvisionné en électricité et en eau pour son refroidissement. Les centrales situées en bord de mer sont exposées aux tempêtes et aux raz-de-marée, comme l’a rappelé Fukushima en mars 2011 et, plus près de nous, l’inondation des systèmes de refroidissement de la centrale du Blayais, dans l’estuaire de la Gironde, en décembre 1999.

Les points représentent les centrales, et plus les zones sont rouges, plus elles sont peuplées. The climate vulnerabilities of global nuclear plants

Les réacteurs dont le refroidissement dépend de fleuves ou de rivières sont de plus en plus souvent arrêtés en période de sécheresse parce qu’ils ne peuvent rejeter de l’eau chaude dans des cours d’eau de faible débit sans menacer leur faune et leur flore. Les canicules mettent en danger la possibilité même de contrôler ces installations dont une partie des équipements, notamment électriques et électroniques, ne doivent pas être soumis à une température de plus de 50 °C : locaux des diesels de secours, locaux des pompes de traitement et de réfrigération des piscines abritant les combustibles irradiés. C’est la raison pour laquelle on a dû arroser en urgence les murs de la centrale de Fessenheim

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Auteur: Celia Izoard Reporterre