Au Niger, le journaliste Moussa Aksar dans le viseur du régime

Niamey, sur la terrasse du siège de son journal, « L’Événement » du Niger.

© Olivier Piot

Reconnaissant sa voiture couleur sable, soldats et policiers le saluent, certains taxis le klaxonnent, des commerçants lui sourient de loin quand d’autres, plus audacieux, s’approchent pour lui serrer la main. À Niamey, capitale du Niger (24 millions d’habitants), Moussa Aksar circule avec l’aura d’une quasi figure officielle. Quant à ceux qui ne sont pas familiarisés avec son visage, la plupart connaissent son nom. À 57 ans, le journaliste nigérien s’amuse de ces marques quotidiennes de soutien. « Je fais juste mon travail, commente-t-il humblement. Mais chacun sait ici que je le fais du mieux possible, avec une exigence morale et un sens aigu de l’intérêt général. C’est cela que les gens apprécient ».

Pourtant, ce fils d’un éleveur touareg est né loin de la capitale, à l’extrême est du pays, dans la grande cité mythique d’Agadès. Des études primaires et secondaires suivies là-bas, loin de ce fleuve Niger qui serpente à l’ouest du pays. Un cycle d’études supérieures à Niamey, bien loin des siens et de son village natal, avec une capacité en droit à l’université, au début des années 1990. « C’était trop long, trop compliqué, et puis j’avais besoin de gagner ma vie », se souvient-il. Rapidement, cet « amoureux de la France et du droit », interrompt son droit et se lance dans le journalisme. Un premier poste d’animateur dans une radio de la capitale : « J’ai très vite senti que ce métier pouvait être une autre façon d’être au service de l’intégrité et de la vérité », raconte-t-il.

Lire aussi Rémi Carayol, « Les migrants dans la nasse d’Agadez », Le Monde diplomatique, juin 2019.

Comme chaque matin à l’aube, Moussa Aksar commence sa journée au siège de son journal, L’Événement : une maison basse bordée d’une terrasse ombragée en bordure d’une des plus grandes artères de la capitale. Fondé en 2002, L’Événement se présente comme un « hebdomadaire nigérien indépendant d’informations générales ». Avec une devise tracée à la peinture noire sur le portail, côté rue : « Il n’y a pas de liberté sans liberté d’informer ». À l’intérieur, dans son bureau saturé de papiers et d’objets, derrière un fauteuil de cuir noir, une grande affiche soigneusement encadrée : la reproduction jaunie et agrandie de la carte professionnelle de presse du journaliste…

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Auteur: Olivier Piot