Le 7 décembre 2022, l’agence de presse britannique Reuters publiait un long article documentant un programme clandestin d’avortement mis en place par l’armée nigériane dans le nord-est du pays, épicentre de l’insurrection djihadiste généralement désignée sous le nom de Boko Haram.
Au terme d’une enquête minutieuse conduite auprès de militaires, de personnels de santé et d’une trentaine de victimes de ce programme, Reuters estime que, depuis 2013, au moins 10 000 femmes enceintes à la suite d’unions volontaires ou forcées avec des djihadistes, puis libérées ou capturées par l’armée, auraient avorté à leur retour dans les zones sous contrôle gouvernemental.
Une proportion d’entre elles – que Reuters ne quantifie pas – auraient subi un avortement forcé : certaines n’ont pas été averties que les injections ou les pilules qu’elles recevaient étaient abortives ; d’autres ont été menacées, battues ou attachées pour subir la procédure.
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Ces révélations – contestées avec véhémence par les militaires nigérians – ont à nouveau attiré l’attention internationale sur l’effroyable conflit qui ravage depuis presque quinze ans le nord-est du pays le plus peuplé d’Afrique.
Les faits allégués
Contactée par Reuters avant la parution de l’enquête, l’armée avait réagi en lançant dans la presse nationale une campagne de propagande préemptive affirmant qu’elle prenait soin des femmes et des enfants liés à Boko Haram.
Une fois l’article de Reuters paru, l’armée a démenti, dénonçant le « journalisme démoniaque » de l’agence de presse, et a refusé d’enquêter sur les allégations des journalistes. Celles-ci n’en ont pas moins provoqué un scandale national et international.
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Auteur: Vincent Foucher, Chargé de recherche CNRS au laboratoire Les Afriques dans le Monde (LAM), Sciences Po Bordeaux