Au Nigeria, un enseignement supérieur à trois vitesses

cc Andrew Moore, « Ivory Tower textures » (textures de la tour d’ivoire), Université d’Ibadan, Nigeria, 2009.

Fin juin 2020, le réseau panafricain d’enseignement supérieur privé Honoris United University annonçait l’acquisition de 51 % des parts de la Nile University, une université privée nigériane fondée à Abuja en 2009 recensant plus de 3 000 étudiants. Avec cet achat, d’un montant estimé à plus de de 20 millions de dollars, le réseau, regroupant sept établissements universitaires implantés du Maroc à l’Afrique du Sud, faisait sa première percée sur le marché ouest-africain. Honoris United University, qui regroupait avant cet achat quelques 27 000 étudiants, appartient au fonds d’investissement britannique Actis. C’est l’un des leaders mondiaux sur les marchés émergents, remarqué en 2018 pour sa reprise des actifs africains du fonds d’investissement dubaïote Abraaj. À travers le réseau Honoris, Actis ambitionne de créer une nouvelle génération de cadres et exécutifs africains compatibles avec les ambitions des transnationales, qu’elles soient d’origine continentale ou non. « Les diplômés qui vont gagner sont ceux qui sont mobiles, qui sont agiles et qui ont cette capacité de travailler au-delà des frontières, à travers les langues, à travers les cultures, [à travers] les religions, et à capturer toute la diversité et la puissance de l’Afrique, et en tirer parti pour y parvenir pour leurs employeurs », souligne-t-on chez Actis.

Les frais de scolarité à la Nile University, prisée par les enfants de l’élite du nord du Nigeria, sont parmi les plus élevés des universités privées accréditées par le Federal Executive Council. Ses tarifs ne sont égalés que par ceux pratiqués par l’American University de Yola, propriété de l’ancien vice-président nigérian Atiku Abubakar. Pour l’anecdote, le nouvel actif d’Honoris United University se nommait à l’origine Nile Turkish University. Ce campus, complété par un hôpital universitaire, avait été en effet fondé par un groupe d’investisseurs turco-nigérians réunis au sein du First Surat Group. Après avoir développé un réseau d’école primaires et secondaires privées, le Tulip International Colleges, le groupe s’est finalement lancé dans l’enseignement supérieur. La Nile Turkish University et son hôpital comptent désormais parmi les établissements les plus réputés de la capitale fédérale. Mais les investisseurs étaient aussi liés au mouvement Hizmet de l’imam…

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Auteur: Jean-Christophe Servant