Au nom de la guerre en Ukraine, ne ressortons pas tous les projets fossiles

Lettre ouverte à Emmanuel Macron, Élisabeth Borne, Agnès Pannier-Runacher et Christophe Béchu.

Profitant de la guerre en Ukraine et des tensions énergétiques, des entreprises gazières tentent de relancer leurs activités en faisant miroiter l’indépendance ou des réserves mirifiques — en réalité inexploitables —, et en avançant des arguments fallacieux pour tenter de faire reculer le gouvernement sur ses engagements climatiques.

En Lorraine, l’entreprise La Française de l’Énergie surfe sur les débats actuels sur la dépendance de l’Europe au gaz russe pour relancer sa campagne de communication dans le but d’obtenir une autorisation pour extraire du gaz de couche de charbon. En réalité, une très faible part de ces réserves est réellement récupérable.

Extraction de gaz de schiste dans le Colorado (États-Unis). L’Espagne projette de relancer des infrastructures pour faire transiter du gaz de schiste nord-américain © Ecoflight

L’obtention du permis « Bleue Lorraine », impliquerait le forage de 400 puits sur 191 km² et mettrait en péril la ressource en eau potable, détruirait des terres agricoles, et libérerait d’importantes quantités de méthane, puissant gaz à effet de serre.

Collectifs, associations, citoyens et même élus ont alerté depuis plusieurs années sur les risques de ce projet, et demandé au gouvernement français de rejeter cette demande de concession. Ils s’inquiètent aujourd’hui de l’opportunisme de cette entreprise spéculative qui espère tirer profit de la situation géopolitique pour faire entrer les réserves de gaz dans les actifs de l’entreprise.

Flux gaziers

Ces pressions de l’industrie gazière ne sont pas isolées. En Catalogne, l’Espagne propose de relancer la construction du gazoduc MidCat — 120 km entre la Catalogne et les Pyrénées orientales — afin d’y faire transiter du gaz de schiste nord-américain, livré en Espagne sous forme liquéfiée (GNL).

La Commission européenne est sollicitée pour réactiver cette interconnexion, cette fois en changeant de sens le flux gazier : en 2017, il était prévu d’y faire passer du gaz russe dans le sens France-Espagne et aujourd’hui ce serait du gaz de schiste nord-américain dans le sens Espagne-France. Ce projet ne peut répondre au problème d’approvisionnement actuel : il faudrait plusieurs années pour que ces infrastructures soient opérationnelles. Ces fausses solutions ne feraient que nous enfermer davantage dans notre dépendance aux énergies fossiles et repousser le…

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Auteur: Reporterre