Au Pays basque, des paysans occupent des terres contre la spéculation foncière

1er juillet 2021 à 09h53,
Mis à jour le 1er juillet 2021 à 15h42

Durée de lecture : 4 minutes

Luttes
Étalement urbain

Arbonne (Pyrénées-Atlantiques), reportage

À l’entrée d’un champ situé sur la commune d’Arbonne (Pyrénées-Atlantiques), des banderoles « Okupazioa » (« occupation » en basque) ou « Préservons la terre nourricière » guident les visiteurs de passage venus soutenir les militants. Depuis le mercredi 23 juin, des paysans membres d’Euskal Herriko Laborarien Batasuna (ELB) — un syndicat paysan basque rattaché à la Confédération paysanne — occupent des terres vendues pour 3,2 millions d’euros. Sous le barnum qui les abrite du temps capricieux en cette fin juin, ils se relaient jour et nuit pour protester contre cette vente considérée comme « spéculative ».

Face à eux, des champs descendent en pente douce vers les pieds de la montagne la Rhune, qui joue à cache-cache avec les nuages. Six paysans réunis autour d’un thermos de café expliquent leur démarche : ces terres représentent 12 hectares d’un seul tenant d’une très bonne qualité agronomique. De l’autre côté de la route, une maison d’habitation, un bâtiment à l’abandon et 3 autres hectares de prairie complètent le bien qui s’est vendu à 3,2 millions d’euros il y a un mois. Un prix jugé inacceptable par les agriculteurs.

La Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer ; l’établissement de gestion des terres agricoles) avait évalué le bien à 800 000 euros, soit quatre fois moins. Elle a ainsi déposé un dossier de préemption partielle pour les 12 hectares de terres uniquement, qui permettrait à celles-ci d’être prioritairement attribuées à l’installation d’un agriculteur. Mais le vendeur peut refuser de les céder à cette somme inférieure, et demander à la Safer de payer le prix fort. Un scénario inenvisageable pour les paysans, qui estiment que ce serait participer au « cercle vicieux de la spéculation ». En attendant, ils occupent donc le terrain afin de mettre en lumière les problématiques d’accès au foncier agricole, qui se sont encore accentuées depuis la crise sanitaire, et la flambée des prix du foncier et de l’immobilier au Pays basque.

Les paysans et des soutiens réunis sous le barnum le 29 juin. © Chloé Rébillard/Reporterre

Une vente « aberrante »

Allande, éleveur de brebis en bio à Ustaritz, à une quinzaine de kilomètres d’Arbonne, et délégué foncier de son canton pour ELB, voit passer toutes les ventes…

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Auteur: Chloé Rebillard Reporterre