Au Pays basque, les résidences secondaires mangent les terres agricoles

Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), correspondance

La question du logement fait un retour remarqué sur les planches de la côte basque. Depuis quelques semaines, les dénonciations d’une spéculation immobilière hors de contrôle se multiplient : actions avec banderoles devant des agences immobilières par des groupes abertzales, constitution d’un nouveau mouvement baptisé BAM sur la question (Baiona Angelu Miarritz – Bayonne Anglet Biarritz), tags anonymes ou défilé humoristique de « riches » demandant plus de résidences secondaires dans le cortège du 1ᵉʳ mai à l’appel de Bizi. Le non-accès au logement est (re)devenu un sujet central, et la côte basque n’est pas une exception.

Les littoraux attractifs, qu’ils soient bretons, corses ou proches du bassin d’Arcachon, connaissent le même phénomène. Et si celui-ci n’est pas nouveau, il s’est amplifié avec le Covid-19 et la volonté des habitants à hauts revenus des métropoles de se mettre au vert. Selon les derniers chiffres, au Pays basque nord (partie située en France, dans les Pyrénées-Atlantiques, du Pays basque), sur les 198 000 logements que compte le territoire, plus de 40 000 sont des résidences secondaires et environ 12 000 sont des logements vacants, c’est-à-dire non-occupés sur l’année. La ville de Guéthary décroche la palme avec un logement sur deux concerné, devant Biarritz ou Saint-Jean-de-Luz qui dépassent les 40 % de secondaire. Ailleurs en France, d’autres communes atteignent le chiffre de 70 % du parc de logement en secondaire.

Construction en cours, à Anglet.

Les aspects sociaux de ce phénomène, et notamment l’expulsion des populations vivant sur place, attisent le plus le ressentiment, mais les conséquences écologiques inquiètent également. Pour Txetx Etcheverry, militant écologiste fondateur de Bizi, « ces questions du logement sont typiquement des batailles où justice sociale et urgence climatique et écologique se rencontrent, sont indissociables. »

Ruée sur le littoral

Premier responsable de la flambée des prix, le foncier proche du littoral est l’objet de toutes les convoitises. Cela crée une concurrence entre la construction immobilière, les espaces agricoles qui se réduisent et les espaces naturels.

Pour Isabelle Capdeville, administratrice de Lurzaindia, une structure qui défend la terre agricole et l’agriculture paysanne au Pays basque, « le foncier agricole, c’est la dernière roue du carrosse, tout le monde se sert ». Récemment, la justice a tranché en faveur de Lurzaindia…

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Auteur: Reporterre