Au pays des éborgnés, la désinformation fait loi - Samuel Gontier pour Telerama

Au pays des éborgnés, la désinformation fait loi

Pendant que les éditorialistes de BFMTV saluent la franchise du préfet Lallement et se lamentent sur les “saccages” des “casseurs” sans jamais évoquer les violences policières, LCI et France 2 disculpent les forces de l’ordre pour l’éborgnement d’un manifestant pacifique place d’Italie, samedi dernier.

Parlons de cette fameuse loi anti-casseurs. Lundi matin, sur LCI, les terribles images de l’ignoble dégradation de la plaque commémorative du maréchal Juin tournent en boucle. La chroniqueuse Monia Kashmire interroge le représentant du Syndicat des commissaires de police : « Cette loi anti-casseurs a mis en place certaines innovations, comme la fameuse PMC, cette peinture qui peut marquer des gens. Pourquoi est-ce qu’on l’utilise pas ? » « Oui, il faut du marquage, plaide David Le Bars. Il faut qu’on puisse marquer les auteurs pour aller les chercher après. » Pourvu que le marquage soit aussi précis que les tirs de LBD, ça devrait permettre de mettre quelques dizaines de milliers de manifestants sous les verrous.

« On voudrait vous montrer une séquence qui est beaucoup commentée, propose la présentatrice Audrey Crespo-Mara. On y voit un manifestant visé par les forces de l’ordre. » Seulement visé, à peine atteint. Après la diffusion de la séquence beaucoup commentée, elle interroge : « De quel tir s’agit-il ? » « On a un manifestant qui est en situation pacifique, qui ne fait rien et qui reçoit un projectile dans la tête », décrit David Le Bars tandis que les terribles images de l’ignoble dégradation de la plaque commémorative du maréchal Juin recommencent à tourner en boucle. « Et il faut dénoncer ce type de geste, tout en étant prudent sur l’auteur. » Un casseur aura pu subtiliser un lance-grenade aux forces de l’ordre et s’en servir pour éborgner un manifestant pacifique.

David Le Bars précise : « Il reçoit une grenade MP7, lacrymogène. » Audrey Crespo-Mara lui tend la perche : « Elle est forcément tirée par les forces de l’ordre, cette grenade ? » « Non, c’est là où je veux en venir. Sans faire de complotisme, si elle est ramassée sans avoir explosé, elle peut aussi être lancée par un individu qui n’est pas dans les forces de l’ordre. » Sans faire de complotisme, c’est peut-être Manuel, le manifestant, qui se l’est lui-même envoyée dans l’œil pour pouvoir jouer au martyr. « A priori, statistiquement, explique le syndicaliste, on a plutôt des tirs faits par des policiers ou des gendarmes. » Statistiquement, les manifestants tirent assez peu de grenades lacrymogènes. Mais, sans faire de complotisme, il est toujours possible de faire mentir les statistiques.

« Quand je vois ces images horribles, intervient le chroniqueur Gérald Kierzek, j’ai tendance à dire que je m’en fous d’une stèle, ce qui m’importe c’est la victime qui prend ce projectile. » « On peut être scandalisé par les deux », proteste Audrey Crespo-Mara.

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Photo de couverture: Photomontage de Samuel Gontier