Au pied du Mont-Blanc, les habitants ne supportent plus la pollution de l'air

Vallée de l’Arve (Haute-Savoie), reportage

« On est des réfugiés climatiques. » Ketty Bertolotti a quitté la vallée de l’Arve en octobre 2020, pour fuir « le dôme de pollution persistant » qui flottait au-dessus de Domancy, la commune où elle résidait dans le bas de la vallée. « Tout l’hiver en sortant de chez moi avec mes trois enfants et en voyant cette brume épaisse de pollution, je me disais que ce n’était plus possible de vivre ici. Je culpabilisais. »

L’hiver 2016 a fini de convaincre Ketty et sa famille de quitter la vallée. Durant trente-cinq jours consécutifs, la pollution de l’air avait atteint des niveaux records, bien supérieurs aux valeurs limites européennes. Les enfants ne pouvaient parfois plus sortir à la récréation, et des manifestations éclataient partout dans la vallée de l’Arve, de Chamonix à Passy. « Honnêtement, si j’avais eu une bouteille d’oxygène à portée de main, j’en aurais pris », dit-elle en repensant à cet épisode.

Le nuage de pollution et la fumée de l’incinérateur de Passy. © Coll’Air Pur

Désormais installée dans la région niçoise, Ketty Bertolloti ne regrette pas son départ. « Cet hiver j’ai regardé l’indice de la qualité de l’air autour de Saint-Gervais-les-Bains, le niveau de pollution était souvent au rouge, alors qu’ici, à Nice, on a passé presque toute la saison dans le vert. »

Avant de quitter la vallée, elle a accepté de faire participer ses trois enfants à l’étude menée par le collectif de citoyens Coll’Air Pur. En septembre 2020, trois centimètres de cheveux ont été prélevés à soixante-seize enfants de la vallée et à six adultes, avant d’être envoyés au laboratoire indépendant toxSeek. Les résultats de cette analyse, obtenus au début de l’année 2021 « sont très inquiétants », dit Mallory Guyon, cofondatrice en 2018 du collectif, et médecin généraliste dans la commune des Houches, voisine de celle de Chamonix-Mont-Blanc.

Des taux anormaux de cadmium cancérigène dans les cheveux des enfants

« On a retrouvé un taux de cadmium en moyenne trois fois plus élevé dans les cheveux des enfants de la vallée que dans le groupe témoin du laboratoire », souligne-t-elle. « C’est une claque puisqu’on sait que le cadmium est une substance cancérigène, qui a des effets notamment sur les os, les reins, l’appareil respiratoire et la reproduction. Il y a là un enjeu sanitaire majeur. »

En plus du cadmium, le laboratoire a informé le collectif que neufs profils d’enfants…

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Auteur: Reporterre