Au procès des animalistes, « association de bienfaiteurs » contre « association de malfaiteurs »

Le Mans (Sarthe), reportage

La nuit et le brouillard faisaient régner une sombre ambiance autour de la cité judiciaire du Mans, vendredi 28 janvier. Dans le froid du matin, beaucoup d’hommes habillés et masqués de noir. À 7h30, heure de l’action annoncée par les militants animalistes avant leur procès devant le tribunal correctionnel, plusieurs dizaines de policiers étaient déjà sur le parvis. Une vingtaine d’activistes du collectif Animal1st sont arrivés quelques minutes plus tard, vêtus de tee-shirts siglés de slogans et portant des panneaux affichant les photos des tags leur valant procès, ainsi que d’animaux d’élevage maltraités. Alignés devant le palais de justice, balayés par les phares des voitures qui passaient, ils avaient bien l’air de prévenus.

Devant le palais de justice du Mans, vendredi 28 janvier.

Neuf d’entre eux étaient convoqués pour répondre de « dégradations légères par inscriptions » commises dans diverses exploitations agricoles entre fin 2019 et août 2020, de la destruction de miradors de chasse, ainsi que du « vol » et du « recel » de sept agneaux « libérés » à la veille de Pâques 2021. Avant d’entrer dans le tribunal, ils ont dénoncé un procès politique, voulu par le gouvernement et le syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, afin de faire taire les critiques du système agricole. Pour eux, l’enquête qui les a conduits là a été menée par la cellule de renseignement de la gendarmerie Déméter, fruit notamment d’un partenariat entre le ministère de l’Intérieur et la FNSEA.

« Je n’ai pas à faire votre enquête » 

Comme pour confirmer leur propos, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, était venue soutenir les éleveurs victimes des tags, eux aussi présents sur le parvis. Ils portaient eux aussi des tee-shirts pour l’occasion sur lesquels on pouvait lire « Liberté, égalité, bien manger ». Entre la presse d’un côté, et les animalistes derrière, Mme Lambert a déclaré : « Nous souhaitons que la justice prenne des décisions pour dissuader ce genre d’actes. » Les applaudissements du petit groupe d’éleveurs ont alors été couverts par les cris de « élevage abolition », qui les ont accompagnés jusqu’à l’entrée du tribunal.

Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, à son arrivée au tribunal, le 28 janvier.

Une ambiance aussitôt calmée par la présidente du tribunal correctionnel. Pour ce procès, elle avait demandé à s’installer dans la plus grande salle des assises, afin de…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre