Au procès des militants anti-avion : « L'État me vole mon avenir »

Bobigny (Seine-Saint-Denis), reportage

« Si nous sommes devant vous aujourd’hui, c’est pour ne pas être complices du désastre annoncé. » Sept militants écologistes étaient en procès à Bobigny, jeudi 7 octobre, pour avoir fait irruption sur le tarmac de Roissy-Charles-de-Gaulle, il y a un an. Une action de désobéissance civile, organisée par les mouvements citoyens Alternatiba et ANV-COP21, dont le but était de dénoncer les conséquences du secteur aéronautique sur le changement climatique. Ils s’opposaient également au plus grand projet aéroportuaire français, le Terminal 4. Ce nouvel aérogare devait occuper 167 hectares et permettre d’absorber jusqu’à 40 millions de passagers supplémentaires par an, d’ici 2037. Quatre mois après ce coup de projecteur médiatique, le gouvernement a finalement annoncé son abandon.

Quelques minutes avant l’audience, jeudi, les premiers rayons de soleil illuminaient les barres d’immeubles d’une teinte orangée. Regroupées dans l’herbe encore humide de rosée, une centaine de personnes était venue apporter leur soutien aux prévenus. Au-dessus d’elles, une grande banderole avait été accrochée à la passerelle bleue qui mène au palais de justice : « Abandon du T4 : les activistes en procès ». Étudiant dans une école d’ingénierie aérospatiale, Nicolas, 24 ans, a pris la parole : « Je devrais pas être ici en ce moment, j’ai cours dans trente minutes… à Toulouse. Ça risque d’être compliqué, j’espère qu’il y a une ligne directe, s’amuse-t-il avant de reprendre plus sérieusement. Aujourd’hui, on explique aux étudiants qu’en 2050, on fera tourner les avions avec 68 % de carburants soutenables, dont 28 % de e-fuel… qu’on ne sait même pas encore produire ! Arrêtons de mentir et assumons la vérité : on ne fera pas voler ces engins avec de l’huile de friture d’ici trente ans. C’est faux ! »

Unis contre la répression des actions de désobéissance civile

Directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard lui a succédé et a tenté de rassurer les prévenus : « Je ne sais pas comment ça va se passer à l’intérieur. Je ne sais pas quelles questions ils vont vous poser. Je ne sais pas comment ils vont tenter de vous déstabiliser. Mais surtout, ne doutez jamais de la légitimité de votre action ni de son efficacité. On doit faire entendre au gouvernement que la seule issue possible est la réduction du trafic aérien. Il n’y a pas d’autres moyens pour limiter l’impact de la filière…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Emmanuel Clévenot Reporterre