Au procès du 13 novembre

En janvier dernier, Valentine Fell a assisté aux audiences du « procès du 13 novembre » lors desquelles étaient auditionnés les accusés des attentats de Paris. Elle raconte ici l’audience, de Mohamed Bakkali, jugé pour « complicité de meurtres en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle » ; il encourt la prison à perpétuité. On comprend le fonctionnement de la justice et du racisme à travers des ressorts particulièrement subtils : le silence de l’accusé, l’applomb et les soupirs de son frère venu témoigner et les rumeurs plus ou moins sarcastiques dans l’audience. Surtout, elle met en avant le glissement sournois qui s’articule autour de la notion de « radicalisation », qui relie la religion avec la « dangerosité ».

Sur l’écran de projection, une avocate de la défense, la main appuyée sur la cage des accusés est penchée, l’oreille tendue entre deux lames de verres. De son cou, pend vers le sol le rabat blanc et plissé de sa robe noir. La nuque offerte au plafond, les yeux plissés vers le sol, elle écoute son client Mohamed Bakkali, qui sera interrogé aujourd’hui par la Cour d’Assises spécialement composée. Celui-ci, les mains fermées sur l’ossature de bois, semble murmurer entre les barreaux translucides, quelques mots indéchiffrables sous son masque blanc. À plusieurs centaines de mètres de là, au rez-de-chaussée du Palais de Justice de l’île la Cité, la 23e chambre dédiée à la retransmission de l’audience du 13 novembre est comble. Les auditeurs libres, rivés à l’écran, les scrutent.

Mohamed Bakkali, 34 ans, le crâne rasé, s’est rassis parmi les onze accusés dans le box. Jugé pour « complicité de meurtres en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle », il encourt la prison à perpétuité. Il aurait aidé les frères El Bakraoui, logisticiens en chef de la cellule terroriste, en louant planques et voitures pour certains membres des commandos. Il est déjà condamné à 25 ans de prison pour avoir notamment convoyé le tireur du Thalys, condamnation dont il a fait appel.

Nous sommes le mercredi 24 janvier, il est 13H02. Depuis plus de dix jours sont entendus un-à-un les accusés du procès des attentats de Paris. Leurs rapports à l’Islam, à la radicalité, à la dangerosité, sont examinés au peigne fin par la Cour.

Une sonnerie semblable à celles des écoles annonce le début de l’audience. Après quelques échanges de convenance, le…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin