On imagine le supplice intérieur que cela a dû être pour Nicolas Sarkozy. Plus de cinq heures durant, ce mardi 8 avril après-midi, l’ancien président a dû rester… silencieux. Un rôle contre-nature pour ce prévenu pas comme les autres qui, dans ce procès, à chaque fois que la parole lui a été donnée, s’est largement exprimé, répondant parfois à des questions face auxquelles sa défense aurait préféré qu’il se tienne coi.
Mais on ne refait pas Nicolas Sarkozy qui, ce mardi, est pourtant bien obligé de se taire pour écouter des quatre avocats répondre au réquisitoire choc de trois procureurs du Parquet national financier (PNF), qui, la semaine dernière, ont requis contre lui sept ans d’emprisonnement, 300 000 € d’amende et cinq ans d’inéligibilité pour avoir fait, selon eux, financer sa campagne présidentielle de 2007 par la Libye du colonel Mouammar Kadhafi.
Cinq heures de silence et, enfin, le micro qui s’ouvre. Il est 18 h 38 quand la présidente invite les prévenus, comme c’est d’usage dans tous les procès, à prononcer leurs derniers mots à la barre. Et la salle d’audience, pleine à craquer, retient son souffle quand Nicolas Sarkozy arrive à la barre. Pour dire qu’il ne fera pas de commentaires. « D’abord parce que mes avocats ont parlé et bien parlé. Et parce que le contexte médiatique et politique est détestable », lâche l’ancien président dans une allusion très claire aux débats autour la toute récente condamnation de Marine Le Pen.
« J’aurais eu envie de répondre à ce réquisitoire politique et violent. Mais je ne veux rien dire qui puisse alimenter la polémique. Je ne suis pas ici pour faire de la politique. Je veux défendre mon honneur et faire éclater la vérité. Je m’abstiendrais donc de tout autre commentaire », conclut Nicolas Sarkozy, tendu, visiblement empli d’une colère froide, avant de remercier le tribunal puis de quitter la…
Auteur: Pierre Bienvault