Vu d’en bas, l’ancien entrepôt d’une entreprise qui a fait faillite ne dépareille pas dans cette grise zone industrielle de l’ouest de l’île de Montréal. Quelques étages plus haut, sur le toit, une atmosphère tropicale nous fait totalement oublier le bitume. On contemple une jungle plus grande que deux terrains de foot. Un bourdon nous grille la priorité pour aller se promener dans les rangées d’aubergines, sous l’œil des cueilleuses. « C’est assez mûr là, right ? », s’interroge l’une d’elles, perchée sur une récolteuse mécanique, une tomate à la main, un sécateur dans l’autre.
« C’est quand même impressionnant ! », s’exclame Jean-Michel Vanier, directeur des finances aux fermes Lufa, visiblement pas peu fier de sa nouvelle serre, tout juste inaugurée. Dans cet espace, onze tonnes de légumes sont produites chaque semaine, garanties sans pesticides de synthèse.
Cette nouvelle annexe était dans les cartons bien avant la pandémie, mais elle tombe à pic. Ses commandes de légumes ont doublé depuis que le Covid-19 a commencé à sévir. L’entreprise, bien connue ici, a pu compter sur une base fidèle de consommateurs. Elle peut aussi remercier le gouvernement québécois, lequel a exhorté ses citoyens à acheter local pour soutenir une économie en perdition pendant le confinement.
Résultat, les jardiniers urbains ont gagné 30.000 « Lufavores » – le nom qu’ils donnent aux abonnés de leurs paniers de fruits et légumes – en trois mois.
« La demande est là, les gens veulent des produits d’ici »
Pour assurer la production maraîchère dans ce nouvel écrin, l’entreprise a recruté 200 personnes et compte désormais quelque 500 salariés. Leur nombre…
Auteur : Alexis Gacon
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