Au Québec, les chasseurs disputent l'orignal au peuple originel

  • Kitigan Zibi (Québec), reportage

Dylan Whiteduck est nerveux. Le jeune chef de la Première nation des Anichinabés (« le peuple originel ») de Kitigan Zibi, à l’ouest du Québec, aurait préféré que ce restaurant de style diner américain, soit désert. « Je connais les gens qui sont derrière nous, je vais devoir parler à voix basse, ils vont vouloir nous écouter. » La poussière n’est pas encore retombée sur un conflit qui agite la région depuis plusieurs années et qui a culminé cet automne.

« Certains soirs, l’ambiance était électrique, on recevait des textos qui nous disaient qu’ils allaient venir à dix véhicules et forcer notre barrage. C’était effrayant », raconte le chef, en montrant une photo des barricades à la nuit tombée. « Ils ne sont jamais venus, c’était pour nous intimider », dit-il, visiblement marqué par la période, avant de reprendre une gorgée de café.

« Ils », ce sont les chasseurs, qui viennent durant leur saison de chasse à l’orignal — la plus grande des espèces de la famille des cerfs — de mi-septembre à mi-octobre sur la réserve faunique de la Vérendrye. Cette année, des communautés autochtones les ont empêché de se rendre à leurs campements habituels. « On a fait de la pédagogie l’année précédente, là, on se devait d’intervenir », dit le chef Whiteduck. L’enjeu : empêcher le déclin rapide du cheptel sur la réserve faunique de la Vérendrye, une terre où les autochtones chassent le « roi des forêts » depuis des lunes. Un défi de taille pour ce chef aux cheveux noir de jais, élu récemment — en septembre dernier — et à peine arrivé dans la trentaine.

Les données provinciales relevées lors d’un survol aérien confirment un recul du nombre de bêtes ces dernières années sur une partie du territoire, l’immense réserve faunique de la Vérendrye — elle s’étale sur plus de 12.000 km2, une superficie équivalente à celle de…

Auteur: Alexis Gacon Reporterre
La suite est à lire sur: reporterre.net