Au royaume d'Eswatini, des larmes et des produits laitiers

Tissu commémoratif avec des portraits du roi Mswati III. Johannesburg, autour de 2010.

Tropenmuseum, Amsterdam.

«Le royaume d’Eswatini est connu comme un pays pacifique, avec une culture de courtoisie, d’humanité et d’hospitalité », déclaraient le 19 octobre dernier les évêques de la Conférence épiscopale catholique d’Afrique du Sud (SACBC) qui venaient d’effectuer une visite pastorale dans cette petite nation d’Afrique australe, entourée par l’Afrique du Sud et limitrophe du Mozambique. Avant de préciser : « Au fil des ans, le peuple d’Eswatini, fidèle à sa nature, a traversé ces moments difficiles de manière pacifique. Les récentes vagues de violence sans précédent qui ont déferlé sur le pays au milieu de cette année et qui ont fait des morts, des blessés, ainsi que la destruction de biens à grande échelle, semblent suggérer un manque de patience, qui doit être retrouvé si l’on veut éviter que ce beau pays ne bascule dans la guerre civile et les souffrances concomitantes ».

Lire aussi Alain Vicky, « La dernière monarchie absolue d’Afrique », Le Monde diplomatique, août 2018.

Depuis six mois, l’Eswatini est le théâtre d’une vague inédite de contestation et de manifestations. Elles visent son souverain, le roi Mswati III, au pouvoir depuis trente-cinq ans, tout comme le système politique du Tikundla sur lequel s’appuie la dernière monarchie absolue du continent. Ce nouveau cycle de campagne pro-démocratie a été enclenché par des étudiants, après que l’un des leurs a été tué par un policier. La centrale syndicale Tucoswa, toujours en veille depuis la dernière série de grèves dans la fonction publique en 2019, le parti Pudemo (qui reste interdit), mais aussi la nouvelle branche emaswati (de l’Eswatini) de l’Economic Freedom Fighters (EFF), leur ont emboîté le pas, entrainant dans la rue les travailleurs des transports, de l’éducation, et de la santé. Fait exceptionnel : en juillet, de vastes coalitions de la société civile se sont ralliées au mouvement, après le placement en détention de deux parlementaires, Mduduzi Bacede Mabuza et Mthandeni Dube, inculpés, au titre de la loi relative à la répression du terrorisme, pour avoir enfreint les règles liées à l’épidémie de Covid-19. Selon l’ONG américaine Human Rights Watch, la répression a jusqu’ici causé la mort de 46 personnes, et fait 245 blessés par balle. Amnesty International, qui vient de lancer une campagne d’information à…

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Auteur: Jean-Christophe Servant