Au salon du nucléaire, on trinque à la gloire de l'atome

Paris, reportage

Jamais l’avenir ne leur avait paru aussi radieux. Au World Nuclear Exhibition — le plus grand salon au monde consacré au nucléaire civil —, les acteurs de la filière ont la mine des beaux jours, le sourire aux lèvres. Ce mardi 30 novembre, il n’est pas encore midi que les coupes de champagne se remplissent déjà. Il plane dans le parc des expositions de Villepinte, aux portes de Paris, comme un air de victoire. Un sentiment de triomphe.

Au milieu des professionnels en costume, les hôtesses d’accueil s’affairent frénétiquement. On débouche des bouteilles, on se sert des petits fours. De-ci, de-là, des robots sillonnent les allées, des hommes font voler des drones, tandis que d’autres avancent, hébétés, au milieu des stands, munis d’un casque de réalité virtuelle. Bienvenue à la messe du nucléaire, le grand temple des promoteurs de l’atome.

« Tout le monde est très excité ! reconnaît un salarié d’EDF. Les industriels sont dans les starting-blocks, le nucléaire est en plein renouveau. » Depuis les récentes annonces du gouvernement français — qui a affirmé vouloir construire de nouveaux réacteurs — un vent d’optimisme emporte la filière. « Nous sommes enfin de retour », affirme-t-elle.

Le ministre de l’Économie, à droite. « Bruno Le Maire, c’est notre VRP. Ça nous fait plaisir de le voir », dit un industriel. © Mathieu Génon/Reporterre

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, est venu lui-même inaugurer le salon, dans une ambiance proche du meeting électoral. À côté d’EDF et d’Orano, le membre du gouvernement donnait l’impression de se sentir chez lui, parmi les siens. « Je suis venu ici une nouvelle fois, mais dans des conditions plus favorables qu’en 2018, défendre cette filière historique qu’est la filière nucléaire française, a-t-il déclaré en ouverture. Les choses ont profondément évolué. Le nucléaire représente désormais la seule voie qui nous permettra d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. »

Comble de l’histoire, Bruno Le Maire a dû terminer son discours sans micro du fait… d’une panne d’électricité. Il a ensuite déambulé à travers les stands en ne manquant pas de saluer ses partenaires étrangers dont le groupe russe Rosatom avec les représentants duquel il s’est éclipsé pendant de longues minutes. En 2019, c’est au cours d’un des voyages du ministre à Moscou qu’Orano avait pu débloquer un nouveau contrat en Russie pour le projet d’une usine d’uranium appauvri. La…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre