« Certaines d’entre nous, et c’est mon cas, sont venues travailler au Samu social de Paris parce qu’on pouvait y porter le voile. » Lors de sa recherche d’emploi, il y a quelques années, Samia* avait le choix entre cet acteur incontournable de la lutte contre l’exclusion et une entreprise lui offrant une meilleure rémunération. À condition qu’elle retire son voile. Alors la jeune femme a opté pour le Samu social, « pour être libre ». C’était sans compter un changement de cap à venir, que tout le monde ignorait alors. À partir du 1er janvier, Samia devra choisir : ce sera son poste au service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) ou sa liberté.
Samia a décidé de quitter l’organisation. Comme environ une dizaine de consœurs sur la vingtaine portant un voile, selon les estimations de la CGT. En cause : une demande de la direction, qui attend désormais de ses agent
es qu’ils et elles se conforment au « principe de laïcité ». La mesure concerne l’ensemble des employé es, en contact physique avec le public ou non. En cas de non-respect, une procédure disciplinaire pourrait être engagée, selon une note du service des ressources humaines, envoyée en juin dernier. Un document qui acte les annonces faites par la directrice générale, Vanessa Benoit, un an plus tôt.Dans un mail adressé en septembre 2023 à l’ensemble des équipes, celle-ci avançait alors qu’en tant que groupement d’intérêt public (GIP), le Samu social de Paris était « soumis à l’obligation de neutralité, qui découle du principe de laïcité ». Dans d’autres mails internes, elle présentait ensuite la mise en place d’un « cadre opérationnel » en vue de rendre cette « transition » effective début janvier 2025. Au programme : des formations d’une journée avec un cabinet externe (qui ont ironiquement débuté le 8 mars 2024), mais aussi la distribution d’un guide pratique, ainsi que l’instauration…
Auteur: Rozenn Le Carboulec