Autour de l'incinérateur d'Ivry, « des concentrations de dioxines exceptionnellement élevées »

Anne Connan est cofondatrice du Collectif 3R (réduire, réutiliser, recycler), qui rassemble des associations citoyennes de quartier et des organisations écologistes d’Ivry-sur-Seine et de la région parisienne, qui militent pour des solutions alternatives à la mise en décharge et l’incinération, et contre le projet de reconstruction et transformation de l’incinérateur d’Ivry-Paris 13. L’usine actuelle, vieillissante, traite jusqu’à 700 000 tonnes d’ordures ménagères par an dans l’un des endroits les plus densément peuplés et pollués d’Île-de-France.


Reporterre — Le Collectif 3R a mandaté les chercheurs de la fondation ToxicoWatch pour détecter la présence de dioxines autour de l’incinérateur d’Ivry-Paris 13, le plus ancien et le plus gros d’Europe. Qu’ont-ils trouvé ? Comment ont-ils procédé ?

Anne Connan — En analysant les œufs de poules élevées en plein air, les arbres et les mousses des communes d’Ivry-sur-Seine, Alfortville, Charenton-le-Pont et Paris, ToxicoWatch a trouvé des concentrations de dioxines exceptionnellement élevées, et même pour certaines dioxines les taux les plus élevés de toutes les études de biosurveillance menées en Europe.

Nous avons contacté ToxicoWatch début 2021, car nous avions repéré leurs travaux sur l’incinérateur de Harlingen, aux Pays-Bas. Cette fondation néerlandaise a mis au point une méthode de biosurveillance consistant à étudier la pollution dans l’environnement autour d’un incinérateur, dans un rayon de 1 à 2 km en général, grâce à des marqueurs naturels de la présence de dioxines, dont la particularité est qu’elles s’accumulent dans les matières grasses, comme le jaune des œufs de poules, les épines de végétaux résineux, mais aussi certaines mousses comme les bryophytes. Cette approche permet de mesurer et de comparer l’accumulation des polluants dans la zone de retombée des fumées de l’incinérateur.

Nous avons nous-mêmes collecté des échantillons durant l’été 2021, les avons envoyés aux Pays-Bas où ils ont été préparés puis analysés dans des laboratoires, en utilisant la méthode d’analyse dite « biologique » ou de « bioassay », DR Calux. Lorsque les valeurs dépassaient les seuils d’intervention fixés par la réglementation européenne sur la sécurité alimentaire, comme cela a été le cas pour la quasi-totalité des œufs, ils ont été analysés une deuxième fois par des laboratoires, avec la méthode dite « chimique », GC-MS. La comparaison permet de confirmer…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre